Gilets Jaunes : un professeur de l’Ecole de Police licencié pour avoir dénoncé les violences policières

Un professeur de l’école nationale supérieure de la police (ENSP) a été licencié pour avoir critiqué la police lors des manifestations de Gilets Jaunes

En France, est-il désormais interdit de dénoncer la violence policière dans les manifestations Giles Jaunes ? Rien ne confirme que c’est le cas, mais une chose est sûre : le licenciement d’un ancien professeur de l’école de police n’est pas passé inaperçu. Il a été très largement relayé par la presse ces derniers jours.

Le professeur en question répond au nom de Sébastian Roché. Dans la presse, on précise que le fonctionnaire travaillait depuis 1993 dans la prestigieuse école nationale supérieure de la police (ENSP). Sébastian Roché est aussi directeur de recherche du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique).

Les positions tenues par le fonctionnaire lui ont certainement coûté très cher. En effet, dans une interview accordée à Libération, il analysait les violences policières en ces termes : « ce n’était jamais arrivé en France à cette échelle. Une partie de la population, des journalistes, des avocats, des universitaires estiment que c’est illégitime. La défense vis-à-vis de la police est alimentée par sa violence, mais aussi parce que de tels actes sont présentés comme légaux ».

« Des propos très critiques sur la police »

A la question de savoir si la violence renforçait l’exigence démocratique du contrôle de la police, il avait répondu : « oui, c’est un tournant, car on a pu voir en direct, et comme jamais au paravent, l’exercice de la violence policière. C’est un moyen banal de l’exercice de l’Etat, mais la plupart du temps, il est décrit avec un vocabulaire juridique qui a pour effet de l’euphémiser ».

Dans cette même interview datant du 16 août, il disait : « (…) la démocratie est réelle seulement si la police n’échappe pas au contrôle et n’agit pas pour faire plaisir au souverain. La distinction entre la dictature et la démocratie ne tient pas seulement au niveau de la violence de la police, mais aussi à la réalité du contrôle de ses actions. C’est l’enjeu du débat actuel ».

« J’ai déplu au prince »

Les propos tenus par le sociologue n’ont certainement pas été au goût de l’école de police. Ce 20 août, Sébastian Roché a en effet reçu de sa boîte aux lettres une mauvaise nouvelle. Dans la lettre que lui a envoyée l’école et signée par William Marion, directeur adjoint de l’ENSP, on pouvait lire : « pour l’année universitaire 2019-2020, le cours (…) ayant trait à l’analyse de la sécurité est confié à un autre intervenant ».

Une décision contestée par le professeur qui estime que l’école est aux ordres du ministère de l’Intérieur. « L’école reste dans un système dirigé par le ministre de l’Intérieur, je pense que j’ai déplu au prince. (…) Cela montre la difficulté de la police à s’ouvrir à la société en un moment où elle se recroqueville de plus en plus sur elle-même, à son détriment », déplore-t-il.