Guerre en Libye : « la France veut revenir à l’époque coloniale », dénonce la Turquie

La Turquie s’est durement attaquée à la France dans son rôle en Libye, allant jusqu’à accuser Paris de vouloir revenir à l’époque coloniale

La France et la Turquie s’engagent dans une véritable guerre diplomatique en Libye où les deux pays défendent des intérêts totalement opposés. En effet, la France, qui a reçu à deux reprises Khalifa Haftar soutenu par Paris, Washington et les pays du Golfe, veut un changement de régime, tandis que la Turquie s’est rangée du côté de Gouvernement d’Accord National basé à Tripoli et reconnu par l’ONU.

Sollicitée par le gouvernement de Tripoli, la Turquie d’Erdogan n’a pas hésité une seule seconde à annoncer le déploiement de son armée et accuse désormais la France de soutenir le PKK en Syrie et de vouloir revenir à l’époque coloniale en Libye. C’est du moins l’avis de Mevlüt Cavasoglu, ministre des Affaires étrangères de la Turquie, dans une interview accorde à la radio turque Basaksehir et partiellement reprise par le média turc DailySabah.

« La France est en train de diviser la Libye. En Syrie, elle soutient le PKK. Elle veut revenir à l’époque coloniale », a-t-il déclaré. Le ministre turc des Affaires étrangères est allé jusqu’à accuser la France de semer le chaos dans le monde. « Partout où il y a un séparatiste ou un putschiste, la France les soutient toujours. Ce que la France faisait est inquiétant. En 2011, ils ont bombardé la Libye et ils sont partis. Maintenant, ils viennent soutenir un putschiste », dénonce-t-il.

« La Turquie joue en Libye un jeu dangereux »

Rappelons que les propos du chef de la diplomatie turc intervient trois jours après la critique de Paris à l’égard du gouvernement turc dont le rôle en Libye n’est pas du goût de Macron. D’ailleurs, la déclaration du président français sur la présence turque en dit long sur son inquiétude de voir des forces turques sur le terrain. « Je considère aujourd’hui que la Turquie joue en Libye un jeu dangereux et contrevient à tous ses engagements pris lors de la conférence de Berlin », avait déclaré Macron.

Il convient de souligner que la situation en Libye s’est sérieusement compliquée pour l’Occident et les pays du Golfe qui avaient misé sur Khalifa Haftar, ex général de l’armée libyenne, pour prendre le pouvoir. Ce dernier a en effet été très affaibli après avoir subi une série de revers ces derniers jours et il est évident qu’il n’est plus en mesure de marcher sur Tripoli. Avec la présence turque, l’Occident et les pays du Golfe commencent à perdre espoir mais veulent un changement de régime à tout prix.