« Israël, s’il l’avait voulu, aurait pu arrêter le massacre en Syrie » (Edito de Ronen Bergman)

Israël est la puissance la plus forte de la région et aurait pu facilement sauver les vies des dizaines de milliers de Syriens et épargné des millions de civils de la souffrance. Il y a plusieurs raisons qui expliquent qu’il ne soit pas intervenu, mais ce sont ces mêmes arguments qui ont empêché les Alliés d’intervenir en faveur d’une communauté juive européenne.

A l’école, la chose la plus importante que nous ayons apprise a été l’Holocauste. La deuxième chose la plus importante que nous ayons apprise, après les horreurs nazis, a été de savoir comment le reste des nations, y compris l’Occident, y compris l’avenir des Etats amis d’Israël, ont regardé passivement sans rien faire lorsqu’Adolf Hitler annihilait la communauté juive.

Une étude de cas fondamental ressort de cette leçon : pourquoi les Alliés n’ont-ils pas bombardé le camp de concentration d’Auschwitz même après avoir été informés de ce qui se passait là-bas ? L’Holocauste, les nations Européennes qui ont coopéré avec les Nazis et les autres qui ont regardé passivement ont été utilisés comme argument pour des leçons dont se sont nourris Israël et ses dirigeants, « pour s’assurer qu’une deuxième Holocauste ne se produise pas », « pour ne faire confiance qu’en nous-mêmes », et pour utiliser ces arguments comme une justification fréquente de l’usage d’une force massive durant ses années d’existence.

Le premier ministre, Benjamin Netanyahou, qui a abordé le sujet sur les bombardements de camps de la mort dans ses discours, avait même déclaré : « les Alliés disaient que bombarder Auschwitz aurait mené à une radicalisation du régime Nazi et sont en train de dire la même chose sur l’Iran ». La question de savoir si les Alliés auraient même pu bombarder les voies ferrées d’Auschwitz et ses fourneaux est sujet à controverse et assumons que tout ce que nous avons appris à l’école en Israël et vrai et exact (si tel est le cas, donc pourquoi Israël n’arrête-t-il pas le massacre horrible et les crimes de guerre qui se passe au-delà de nos frontière, en Syrie, depuis bientôt cinq ans ?).

Israël est la plus forte puissance de la région et pourrait facilement battre les forces de Bachar al-Assad qui sont éparpillés dans le pays et qui n’ont pas posé de menace à l’armée israélienne depuis plusieurs années. Même si Israël avait imposé une zone d’exclusion aérienne aux forces syriennes ou avait délimité une zone pour les réfugiés, sans une intervention militaire, cela aurait sauvé la vie à des dizaines de milliers de personnes et les aurait épargnés de la souffrance. Il est fort probable qu’une intervienne israélienne aurait pu empêcher la présence de l’armée russe dans la région.

Il y a plusieurs raisons qui expliquent qu’Israël ne soit pas intervenu, parce qu’il avait beaucoup de choses à faire, parce qu’il y avait des ennemis qui valaient mieux la peine d’être combattus, parce qu’il ne voulait pas donner l’image d’un pays qui interfère dans les affaires internes des autres pays, parce que les nombreuses victimes n’étaient pas Juifs. Mais tels sont les mêmes arguments qui, selon les philosophes israéliens, avaient empêché la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d’intervenir en faveur de la communauté juive Européenne.

Et ce n’est pas qu’il n’y a pas eu d’intervention militaire en Syrie. Au contraire : Israël a l’habitude de frapper souvent à l’intérieur de la Syrie. Mais, ces bombardements sont uniquement destinés à empêcher le transfert d’armes au Hezbollah libanais. La semaine dernière, des médias arabes avaient révélé qu’Israël avait frappé Damas. Lorsque le ministre de la défense, Avigdor Lieberman, a parlé des bombardements pour la première fois, il a clairement fait savoir que l’« Etat d’Israël n’avait aucun intérêt à intervenir dans la guerre civile syrienne ».

Je me demande comment une telle déclaration aurait pu être interprétée avec le recul par Netanyahou si le Secrétaire américain à la Défense avait déclaré en 1944 que l’armée américaine ne bombarderait pas Auschwitz pour ne pas avoir à ingérer dans les affaires internes de l’Allemagne.

Le nettoyage ethnique mené quotidiennement par les Hutus contre les Tutsis était plus élevé que le nombre de morts par jour des Juifs Européens durant l’Holocauste. Les Etats-Unis se sont excusés plus tard pour n’être pas intervenus dans la situation au Rwanda, bien qu’ils aient pu intervenir et bien que la plupart des morts aient été tués par des gangs de civils armés  de machettes, une situation que l’armée américaine aurait pu arrêter facilement.

Les Etats-Unis présenteront des excuses auprès des Syriens aussi. Le Rwanda est très loin d’Israël et Israël n’a pas un important déploiement de militaires dont disposent les Etats-Unis. Mais, la Syrie est à seulement quelques minutes des bases de l’armée israélienne. Il fut un temps le taux d’extermination en Syrie était supérieur à celui de l’Holocauste. La culpabilité de regarder passivement le génocide en cours à Alep, à Damas et dans le reste de ce pays misérable pèsera sur nos consciences aussi.

Edito signé Ronen Bergman, journaliste au Ynetnews, journal basé en Israël. L’édito a été entièrement traduit de l’anglais au français par Cheikh Tidiane DIENG, rédacteur en chef du site d’information www.lecourrier-du-soir.com.

Pour lire l’intégralité de l’édito en anglais, cliquez sur ce lien : www.ynetnews.com

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Cheikh Tidiane DIENG est fondateur et rédacteur en chef du site www.lecourrier-du-soir.com. Diplômé en Médias Internationaux à Paris, en Langues et Marché des Médias Européens à Dijon et en Langues étrangères (anglais et espagnol) au Sénégal, ce passionné de journalisme intervient dans des domaines aussi divers que la politique internationale, l’économie, le sport, la culture entre autres. Il est aussi auteur du livre : "Covid-19 ; le monde d'après sera une dictature". Contact : cheikhdieng05@gmail.com