Jawad Bendaoud : l’erreur grotesque des médias d’avoir transformé un danger public en clown

Quand les média mainstream transforment du jour au lendemain des criminels en héros, il est de notre devoir de nos poser des questions. Moins de trois ans après les attentats du Bataclan qui ont fait 130 morts, les médias français ont craché sur la mémoire des victimes et de leurs familles, en transformant l’un des hommes les plus dangereux de ce pays en héros.

Je m’explique. Il y a moins d’une semaine, les médias ont été nombreux à relayer l’information selon laquelle Jawad Bendaoud, relaxé ce 14 février, est devenu une star des réseaux sociaux. Dans la presse, on nous a même appris que le jeune homme de 32 ans au casier judiciaire très chargé et qui avait été écroué après le Bataclan pour avoir logé des  « fous de Dieu » compterait quelque 850 000 abonnés sur snapchat.

Ceci m’a l’air d’une véritable diversion médiatique. Et pour comprendre cette diversion médiatique, il faudra revenir sur le procès de Jawad. Là, on se rend compte très vite qu’une certaine presse ne se préoccupait pas de rendre justice aux familles des victimes, mais a préféré transformer un danger public en un clown qui, en réalité, ne fait rire personne. En tout cas, pas moi.

Alors, que s’est-t-il passé au procès de Jawad ? Il faut dire que le moment était crucial pour les familles des victimes du 13 novembre 2015 qui n’ont toujours pas fini de pleurer leurs proches. En effet, les familles attendaient des informations sur les liens entre Jawad Bendaoud et ses amis « fous de Dieu » qui, pendant plusieurs jours, ont plongé toute la France dans une immense tristesse.

Dommage que les médias français n’aient pas été à la hauteur. Car il faut reconnaître que tout le procès de Jawad a été relayé par une presse en manque de professionnalisme et qui s’est très peu focalisé sur le parcours du jeune homme, mais plutôt sur les déclarations surréalistes d’un homme au passé trouble qui a probablement confondu la salle d’audience à une salle de spectacle.

D’ailleurs, permettez-moi de vous rappeler le titre d’un article de BFMTV datant du 7 février 2018 citant Jawad lui-même qui disait ceci : « c’est plutôt le Jawad Tragédie Club ». Parmi les déclarations du jeune homme lors de son procès, je vous en cite quelques-unes et vous vous ferez une idée du personnage à qui on a affaire.

« On m’a vendu un bœuf bourguignon, j’ai fini avec un couscous », disait-il. Le même Jawad dira : « après avoir quitté mes locataires, j’étais très tranquille. Posé sur mon balcon, avec vue sur le stade de France, en train de fumer un gros joint de beuh. J’ai mangé un sandwich escalope-Boursin, j’en ai même donné un morceau à mon chien ».

Et la comédie ne finit pas. En expliquant l’effet que la cocaïne a sur lui, il pose cette question insensée aux avocats : « il y a des avocats consommateurs de cocaïne dans la salle ? ». Se réjouissant que le procès ait lieu en France, il dit ceci : « je suis content d’être jugé en France. Si j’étais aux Etats-Unis, je serais déjà en tenue orange entrain de m’accoupler avec des chiens »

Les propos incohérents et insensés tenus par Jawad Bendaoud ont inondé le web et ne méritent vraiment pas d’être relayés par une presse responsable. Et chacun d’entre nous devrait se poser la question de savoir pourquoi les médias français ont voulu à tout prix nous divertir. J’avoue personnellement n’avoir absolument rien compris.

Moins d’un mois après sa relaxe, les médias français continuent de lui faire la pub. D’ailleurs, ce mercredi 7 mars, Jawad a été reçu sur le plateau de RTL où il a présenté ses excuses. C’est déjà une bonne chose qu’il le fasse. Néanmoins, dans un pays où la presse est responsable ce genre d’individus n’a plus droit à la parole. Il est tout simplement jeté aux oubliettes pour éviter qu’il n’exerce une influence négative sur les jeunes.

Les médias n’ont-ils pas d’autres éléments à nous fournir sur cette affaire que de nous présenter ce cirque ? En transformant le type en clown, les médias français ont lamentablement failli à leur mission. Moi, je dis haut et fort qu’ils ont craché sur la mémoire des victimes du 13 novembre 2015.

Edito signé : Cheikh DIENG, rédacteur en chef et fondateur du site d’information : lecourrier-du-soir.com

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