La sénatrice Lienemann quitte le PS : « le PS s’achemine vers une mort lente », prévient-elle

Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste, a annoncé son départ du PS (Parti Socialiste). Pour elle, le PS va « vers une morte lente »

Au PS, la saignée continue. Quelques heures après le départ d’Emmanuel Maurel, ex leader de l’aile gauche du parti, c’est autour de Marie-Noëlle Lienemann de claquer la porte. En effet, ce samedi, dans une interview accordée au JDD, la sénatrice socialiste a annoncé qu’elle quittait le parti socialiste auquel elle adhère depuis 1971.

A la question de savoir pourquoi elle quitte le PS, elle répond : « nous sommes au bout d’un cycle ouvert depuis 1971 au Congrès d’Epinay, auquel j’ai participé. Aujourd’hui, le PS s’achemine vers une mort lente.  Il ne veut pas ni tirer les leçons du quinquennat de François Hollande ni prendre la mesure du divorce avec le peuple de gauche. »

Et d’ajouter : « il est dans le déni. Les ouvriers, les employés, le monde des services publics ne considèrent plus le PS comme un parti de gauche. Ce parti a tourné le dos au socialisme historique, au socialisme de Jean Jaurès. Il est devenu un parti d’accompagnement et non de transformation ».

« François Hollande est l’un des principaux responsables du déclin du PS »

A la question de savoir pourquoi partir maintenant et pas plutôt, Marie-Noëlle Lienemann rétorque : « après un quinquennat de renoncement et une défaite cinglante à la présidentielle, nous attendions un sursaut. Hélas, on recule. Avec Faure, le PS baigne dans l’eau tiède. Il est politiquement dans le déni et stratégiquement dans le ‘ni-ni’. Sa ligne ‘ni Macron, ni Mélenchon’ mène à une impasse. »

La sénatrice est très sévère envers François Hollande. « Une chose est certaine : François Hollande prépare méticuleusement son retour et personne ne semble s’en émouvoir. En tant que premier secrétaire du PS puis en tant que président de la République, il est l’un des principaux responsables du déclin du PS. Son quinquennat a été celui de l’abandon des valeurs socialistes », déplore-t-elle.

« Le PS est devenu un canard sans tête »

Parlant d’Olivier Faure (chef de file du PS, ndlr), elle ne mâche pas ses mots. A la question de savoir si Faure peut servir de rebond à l’élection européenne, Marie-Noëlle Lienemann n’y croit pas une seule seconde. « Olivier Faure n’en prend pas le chemin. Le PS est devenu un canard sans tête. (…) Faure nous noie chaque jour un peu plus dans une social-démocratie dévoyée par le libéralisme », regrette-t-elle.

Tout comme Emmanuel Maurel, Marie-Noëlle Lienemann envisage de tendre la main à la France insoumise. Elle a fait savoir qu’elle lancera avec Emmanuel Maurel ainsi que des amis du Mouvement républicain et citoyen (MRC) un nouveau parti. « Nous comptons participer à une dynamique de convergences avec la France insoumise, à un nouveau front populaire », a-t-il expliqué.

« Nous avons notre propre identité »

D’après la sénatrice, ce parti pourrait voir le jour en 2019. Marie-Noëlle Lienemann a aussi fait savoir que le parti gardera son ADN de gauche. « Mais non, nous n’allons pas perdre notre identité, nous avons notre propre ADN : nous sommes républicains, socialistes, écologistes. C’est ce qui fondera notre nouveau parti », assure-t-elle.

Toutefois, Marie-Noëlle Lienemann souligne clairement ses points de désaccord avec Mélenchon, notamment sur l’Europe. « (…) Soyons clairs : je ne veux pas que la France quitte l’Union Européenne mais je ne dis pas l’ ‘Europe, l’Europe, l’Europe’ à n’importe quelles conditions. Si Madame Merkel ne veut pas renégocier les traités, arrêtons de payer ! Arrêtons d’alimenter le budget d’une Europe dans le mauvais sens (…) », dit-elle.

Pour lire l’interview dans son intégralité, cliquez ici : le JDD