Tous les projeteurs sont braqués sur le mariage du prince Harry avec l’actrice Afro-Américaine Meghan Markle. Les chaînes de télévision hexagonales diffusent en direct la cérémonie. A l’unanimité, les Français encensent ce couple mixte et atypique. Or, la question raciale bat son plein en France.
Pas moins de 600 personnes ont été conviées au déjeuner au château de Windsor. Parmi les invités, des noms célèbres : Serena Williams, David Beckham, George Clooney, Idris Elba, Elton John, etc. Mais également, les acteurs de la série « Suits » qui a révélé Meghan Markle au grand public.
Peu connue en France, l’actrice Afro-Américaine est une roturière. Issue de la classe moyenne, Meghan Markle est une métisse âgée de 36 ans. Son profil est d’autant plus atypique qu’elle est divorcée. Sa mère (Doria Ragland, 61 ans), professeure de Yoga, est une descendante d’esclaves.
Pourtant, l’épouse du prince Harry, sixième dans l’ordre de succession au trône britannique, remporte les suffrages des Français.e.s.
« Noire n’est pas mon métier »
Or, la question raciale bat son plein en France. Qu’à cela ne tienne, Meghan Markle est plébiscitée par l’opinion publique hexagonale. Alors que cette même France se refuse de faire la part belle à la diversité, elle jette son dévolu sur cette jeune métisse Afro-Américaine devenue duchesse de l’autre côté de la Manche. C’est ce qu’on appelle « The french paradox » (le paradoxe français) !
Mercredi, la montée des marches du collectif « Noire n’est pas mon métier » a fait sensation au Festival de Cannes. En effet, seize actrices noires et métisses, réunies sous l’impulsion de Aïssa Maïga, ont dénoncé la difficulté à briser le plafond de verre empêchant des femmes issues de la diversité d’accéder à des rôles valorisants dans le cinéma français. Elles fustigent par ailleurs la marginalisation dont elles sont victimes dans le 7e art. Refusant d’être cantonnées à des rôles mineurs (prostituée, femme de ménage, nounou, infirmière, etc), elles font savoir qu’elles sont souvent les cibles de « plaisanteries douteuses », de « réflexions blessantes », et de « clichés d’un autre âge ». Enfin, elles réclament la décolonisation des esprits. Le livre-manifeste « Noire n’est pas mon métier », sorti en librairie depuis le 3 mai, est d’ores et déjà en rupture de stocks.
Christiane Taubira traitée de « singe »
Le constat est alarmant : la France, pays des Droits de l’Homme, est à la traîne par rapport à d’autres nations. Jusqu’à présent, aucune femme n’a été élue présidente. Nous nous souvenons tous de l’aventure malheureuse de Ségolène Royal en 2007.
De plus, notre douce France ne peut se targuer d’une Première dame issue de la diversité. Pire, lorsqu’une femme noire parvient à accéder à une fonction à forte responsabilité, il arrive qu’elle subisse des insultes racistes. A l’instar de Christiane Taubira, ministre de la Justice sous François Hollande, qui a été traitée de « singe ».
Donc, il faut absolument décoloniser les esprits en France. Pour ce faire, il faudra beaucoup de pédagogie. La politique et la culture ont un grand rôle à jouer dans la sensibilisation et la prévention. Il ne suffira point de copier-coller le modèle d’intégration anglo-saxon car nous n’avons pas la même histoire. Il s’agira de moderniser le modèle d’assimilation à la française afin d’instaurer plus de mixité sociale dans la reproduction des élites.
Cet édito n’engage que son auteur. Il ne reflète en aucun cas la ligne éditoriale du média www.lecourrier-du-soir.com