Lutter contre la mortalité infantile, une priorité pour l’Afrique

La mortalité infantile reste préoccupante sur le continent africain, mais diminue continuellement. Les efforts des gouvernements et de la société civile commencent à porter leurs fruits, et préparent un avenir meilleur pour les femmes et les enfants d’Afrique

Dans le monde, 7 000 nouveau-nés meurent encore chaque jour. Si rien n’est fait, 30 millions de nouveau-nés mourront dans les 28 premiers jours de leur vie d’ici à 2030. Et chaque jour en 2016, 15 000 enfants sont morts avant d’avoir atteint leur cinquième anniversaire, selon un rapport des Nations Unies. La plupart des décès néonataux surviennent en Asie du Sud (39%) et en Afrique subsaharienne (38%).

En Afrique subsaharienne, un enfant sur 36 meurt durant le premier mois de sa vie, contre un enfant sur 333 dans les pays développés. Sans progrès notables, plus de soixante pays n’atteindront pas l’objectif de développement durable (ODD) des Nations Unies, prévoyant de mettre fin aux décès évitables de nouveau-nés d’ici à 2030, et la moitié d’entre eux n’attendra pas la cible de 12 morts néonatales pour 1 000 naissances vivantes d’ici à 2050. Il est inadmissible qu’en 2018, la grossesse et la naissance continuent de mettre les femmes en danger et qu’autant de nouveau-nés meurent chaque jour.

La majorité des décès est évitable

Malgré ces chiffres alarmants, les choses avancent. Grâce aux efforts des autorités et de la société civile, on estime que quelque 50 millions d’enfants de moins de 5 ans, ont été sauvés depuis l’an 2000. Et de nombreuses vies peuvent encore être épargnées, en réduisant les inégalités, en redoublant d’efforts pour toucher les familles les plus marginalisées, en généralisant l’accès à l’information et aux soins de qualité. Améliorer la qualité des services et la rapidité des soins prodigués avant et après la naissance, voilà quelle doit être notre priorité. Et ce d’autant plus que la majorité des causes de décès infantiles peuvent être évitées, comme la pneumonie ou la diarrhée, qui figurent en haut de la liste des maladies infectieuses qui ont coûté la vie à des millions d’enfants de par le monde. Faciliter le suivi de la grossesse, la prise en charge de l’accouchement par des professionnels qualifiés, renforcer l’accès à la vaccination, l’allaitement et la prise de médicaments peu chers, permettrait aussi de sauver encore davantage de vies.

La mortalité infantile a baissé de moitié en 20 ans en Côte d’Ivoire

En Côte d’Ivoire aussi, la situation évolue dans le bon sens. La mortalité infantile a ainsi chuté de moitié en 20 ans. Le taux de mortalité est passé de 112 pour 1 000 naissances vivantes en 1998, à 60 pour 1 000 en 2016. Quant au quotient de mortalité infantilo-juvénile (la probabilité pour un enfant de décéder avant son cinquième anniversaire), il est passé de 181 à 96 pour 1 000 durant la même période.

Ces résultats encourageants témoignent des efforts entrepris dans le pays pour renforcer l’accès aux services de santé, à l’éducation et à la prise en charge des maladies des femmes et des enfants ivoiriens.

L’Hôpital Mère-Enfant de Bingerville, un service unique en Côte d’Ivoire

Pour accompagner ces efforts, la Fondation Children of Africa, que je préside, a inauguré le premier Hôpital Mère-Enfant de Côte d’Ivoire, le 16 mars 2018. Etablissement privé à but non lucratif avec mission de service public, l’hôpital vise à réduire la mortalité et la morbidité maternelles, néonatales, infantiles et juvéniles. Son objectif : mieux soigner les femmes et les enfants de Côte d’Ivoire, en leur offrant des soins de qualité à des coûts raisonnables, accessibles à tous, quel que soit leur statut social.

Porté par la Fondation Children of Africa, dont je suis la Présidente, l’Hôpital Mère-Enfant de Bingerville, a été financé par des fonds privés à hauteur de 25 milliards grâce à nos généreux donateurs. Il dispose d’un plateau technique unique en Côte d’Ivoire : 123 lits, un bloc chirurgical de sept salles d’opération, une salle de réanimation, deux salles chirurgicales ambulatoires, etc. Grâce au dévouement des 475 employés de santé soigneusement sélectionnés, incluant les médecins, infirmiers et aides-soignants, en plus du personnel administratif et des autres ressources humaines, l’établissement propose des consultations externes, des soins en gynécologie, pédiatrie et chirurgie et il dispose de laboratoires d’analyse médicale et d’assistance médicale à la procréation.

Pour l’enfant, l’HME propose une prise en charge complète des affectations en néonatalogie (prématurés, réanimation néonatale), en pédiatrie générale (soins ambulatoires, transfusions), en chirurgie pédiatrique (digestive, urologique, traumatologique, etc.), mais également en oncologie pédiatrique, en ORL et en ophtalmologie. Pour la mère, l’HME propose des soins complets, adaptés à chaque âge de la vie : obstétrique (consultations prénatales, urgences obstétricales, accouchements et hospitalisation), gynécologie (consultations, urgences et hospitalisations), assistance médicale à la procréation (insémination, fécondation in vitro, suivi psychologique) et rééducation périnéale.

Comme j’ai tenu à le rappeler lors de son inauguration, en mars dernier, l’Hôpital de Bingerville est celui des femmes et des enfants de Côte d’Ivoire. Il participera, j’en suis convaincue, à réduire la mortalité infantile en Afrique et à rattraper, un jour, les standards en vigueur dans d’autres régions du monde. Nos enfants sont l’avenir de notre continent. Faisons tout ce qu’il nous est possible pour faciliter leurs premiers pas dans la vie.