Mélenchon sur TF1 : « je n’ai pas l’intention de faire un coup d’Etat, je ne suis pas De Gaulle »

Invité sur le plateau de l’émission « Demain Président » ce vendredi 14 avril sur TF1, Jean-Luc Mélenchon a répondu à de nombreuses questions dont l’alliance bolivarienne

Jean-Luc Mélenchon a été ce vendredi l’invité de l’émission « Demain Président » sur TF1. Le chef de file de la France insoumise qui a connu une montée fulgurante dans les sondages s’est adressé à la chaîne française à quelques jours du premier tour de la présidentielle. Mélenchon s’est exprimé sur plusieurs sujets dont la fameuse Alliance bolivarienne.

Sur la question de savoir si changer la constitution est une réponse au chômage, Mélenchon dira : «  bien sûr, c’est une réponse à plein de questions. Il ne faut pas séparer artificiellement les questions institutionnelles du reste. Je vous donne un exemple. On ne peut pas faire passer la loi EL-Khomri, qui est une loi sociale qui n’a rien à voir avec la législation sociale sans le 49.3. Le 49.3 c’est la constitution ».

« La séparation de l’Etat et de l’argent doit être prononcée »

Jean-Luc Mélenchon a dénoncé « une caste de gens » qui dirigent la France. « La monarchie présidentielle qui est née d’un événement et d’une circonstance extraordinaires que vous connaissez : la décolonisation. Le pays a bougé depuis. La monarchie présidentielle se croisant avec la toute-puissance de la finance, ça a donné un monstre que nous avons sous les yeux, qui est une caste de gens qui circulent entre les plus hauts niveaux des affaires et les plus hauts niveaux de l’administration de l’Etat (…) ».

« La séparation de l’Etat et de l’argent doit être prononcée. Voilà pourquoi il faut cette assemblée, mais surtout il y a un point qui est important. J’essayais de réfléchir à qu’est-ce qui pouvait permettre à la France à la fois de conserver tout le temps l’initiative populaire et la stabilité des institutions. Je ne suis pas partisan du désordre et de la pagaille, les institutions doivent fonctionner. Mais, le peuple doit pouvoir garder son pouvoir d’initiative », souligne-t-il.

Dans l’émission, Jean-Luc Mélenchon propose d’introduire un référendum révocatoire. « Je proposerai à cette constituante d’introduire le référendum révocatoire, c’est-à-dire qu’il y ait la possibilité à tout moment de révoquer un élu à condition évidemment que certaines conditions soient remplies. On me dira que cela va prendre du temps. Bah, oui. Il faut le temps qu’il faut. Ça ne sera pas très coûteux donc pourquoi pas le faire et pendant ce temps, on gouvernera dans les institutions de la 5ème république ».

« Je n’ai pas l’intention de faire un coup d’Etat »

Mélenchon dit ne pas vouloir faire un coup d’Etat et lance des piques au général De Gaulle. « Je serai le président de la 5ème république, le dernier, mais le président. (…) C’est la démocratie, je n’ai pas l’intention de faire un coup d’Etat.  Je ne suis pas général De Gaulle. Je ne viens pas vous dire : ‘je vais vous sauver avec trois de mes amis, je vous explique, je vous écris une constitution et oui ou non’. Bon, c’était l’époque qui voulait cela ».

Sur sa volonté de trouver 273 milliards de dépense publique supplémentaire sur cinq ans, Jean-Luc Mélenchon  répond : « vous faites un gros paquet. D’un côté, c’est 100 milliards et de l’investissement. Ça se finance d’une manière assez simple, c’est par le recours à l’emprunt à la Banque Centrale Européenne. (…) Il faut que les gens entendent que tous les mois la Banque Centrale Européenne donne de l’argent équivalent de 6 millions de smic aux banques privées pour qu’elles stimulent l’activité. Naturellement, elles ne font rien de semblable », déplore le candidat de la France insoumise.

« Sur l’alliance bolivarienne, vous citez deux pays pour faire peur aux gens »

Et d’ajouter : « voilà pour les 100 milliards qui vont aller dans des investissements très concrets. (…) Quand on lance l’activité, il y a un moment où ça coûte, il y a un moment où ça rapporte, c’est-à-dire que les gens vont au travail, se mettent à payer des impôts et à la fin de ce cycle pour les 173 milliards, vous avez 190 milliards de rentrée. Autrement dit, mon circuit économique est excédentaire ».

Sur l’alliance bolivarienne, Mélenchon demande aux journalistes d’être sérieux. « Bon, attendez Madame, commençons d’abord à être sérieux », ironise-t-il. Et d’ajouter : « là, vous allez créer une ambiance extrêmement malsaine, les gens vont croire des choses qui ne sont pas ».

« Sur l’alliance bolivarienne, vous citez deux pays pour faire peur aux gens : la Russie et l’Iran qui sont dans les coalitions mondiales dans lesquelles la France se trouve ». La journaliste lui coupe la parole : « ces pays sont dans la liste (de l’alliance bolivarienne, ndlr). A Mélenchon de rétorquer : « Non, Madame, ce sont des observateurs, les membres de l’ALBA sont des pays du coin. L’ALBA est une organisation de coopération. Je suis partisan du fait que les territoires d’outre-mer français, en particulier des Caraïbes et de la Guyane s’insèrent dans l’économie de leur région. Mais par cohérence intellectuelle, je ne vais leur demander d’aller se mettre sur le Mercosur qui est une espèce de super-Union Européenne et qui est en compétition avec nous les Français. Donc, je leur propose d’aller dans cet organisme, mais parmi d’autres ».

« Je ne propose pas de sortir de l’UE pour aller adhérer à l’ALBA

Il poursuit : « savez-vous que nous sommes membres d’une association caribéenne dans laquelle Madame il y a Cuba ? Vous vous rendez compte et apparemment aucun d’entre vous n’a l’air d’être dérangé par le fait que tous mes concurrents sont d’accord pour continuer le comité  de coordination qui existe aujourd’hui  sur le plan culturel avec le Qatar et l’Arabie Saoudite ».

Agacé par les remarques des journalistes de « Demain Président » qui l’accusent de vouloir sortir de l’EU pour adhérer à l’alliance bolivarienne, Mélenchon se fâche et lance : « ce n’est vrai. Je ne propose pas de sortir de l’Union Européenne pour aller adhérer à l’ALBA. Ecoutez franchement vous me désolez. Ce n’est pas ce que je propose. Mais, arrêtez de brasser mon texte ».

« Mélenchon se dit en faveur de la légalisation du cannabis »

Jean-Luc Mélenchon s’est aussi exprimé sur des questions sociales. Sur le cannabis, il propose une légalisation. « Si on veut le combattre oui, sinon on ne peut même pas le faire ». Sur la légalisation du vote blanc, il est catégorique : « Oui ! », lance-t-il. Et de poursuivre : « pour ma part, je suis dans le vote obligatoire, je considère que quand on est citoyen, on doit honorer sa responsabilité. (…) Il faut reconnaître le vote blanc et il faut lui donner du pouvoir ».

Sur l’euthanasie et le suicide assiste, il dira : « c’est une question très philosophique qui est au-delà des clivages politiques, chacun d’entre nous a des idées différentes sur la question. Mais, moi je suis pour en effet car je suis pour que l’être humain soit maître de lui-même jusqu’au bout et en toute circonstance (…). C’est une liberté fondamentale ».

« Les gens s’habillent comment ils veulent »

Sur l’interdiction des signes religieux ostentatoires dans la rue, Mélenchon rétorque : « bah, si on pouvait, ça nous ferait de l’air à tous. Mais, ça voudrait dire qu’on serait comme en Iran avec une police des vêtements, vous imaginez le tableau des policiers en train de mesurer la longueur des foulards, la longueur d’une jupe… tout cela est grotesque (…). Les gens s’habillent comment ils veulent ».

Sur sa principale qualité, le tribun joue la carte de l’humour. « Pour se trouver des qualités, il faut se regarder vivre et être un peu imbu de soi. Je pense que j’en ai parce qu’un certain nombre de gens m’apprécient, alors demandez-leur », dit-il d’un ton humoriste. Il estime que la gourmandise est l’un de ses points faibles.