Rassemblement de 9 000 personnes au Puy du Fou : l’Etat transforme ses citoyens en chair à canon

Certains diront qu’il y a une véritable incurie dans la gestion de la Covid-19 en France et ils n’auront pas tort. En effet, les maladresses se multiplient et les citoyens semblent ne plus savoir à quel saint se vouer. Et, au plus haut sommet de l’Etat, la cohérence semble avoir cédé la place au copinage.

Nous sommes le 15 août, un 15 août spécial en pleine pandémie à coronavirus. En France, et sur toute l’étendue du territoire, tout rassemblement de plus de 5 000 personnes est interdit et les organisateurs risquent de le payer très cher. Le gouvernement, qui a annoncé cette décision il y a moins d’une semaine, évoque des risques de contagion.

Pourtant, ce 15 août, pour une raison que l’on ignore d’ailleurs, une partie du territoire français bénéficie d’une dérogation préfectorale et peut recevoir jusqu’à 9 000 personnes pour un spectacle. Il s’agit de Puy du Fou qui, ce 15 août, devra accueillir des spectateurs à sa présentation de la Cinéscénie.

Nul besoin d’entrer dans les détails de ce spectacle qui, logiquement, devrait être annulé comme ce fut le cas dans bien d’autres villes. Mais, comme par hasard et parce que la Cinéscénie est organisée par Philippe De Villiers, un des meilleurs amis de Macron, l’événement échappe miraculeusement à cette interdiction qui entre en vigueur ce 15 août.

Cette dérogation, qui a suscité une vive indignation sur les réseaux sociaux où les réactions ont été très nombreuses, est une erreur monumentale pour Macron pour ces raisons suivantes :

  1. Elle donne le sentiment que tous les événements en France, dans un contexte de crise sanitaire d’une gravité extrême qui a fait chuter l’économie, ne sont pas logés à la même enseigne et que certains événements, parce qu’organisés par des amis du président, peuvent obtenir un passe-droit pendant que des spectacles accueillant beaucoup moins de monde sont tout bonnement annulés.
  2. Cette décision remet en cause la crédibilité du gouvernement dans sa gestion de la crise. En effet, Jean Castex a annoncé il y a trois jours l’interdiction de tout rassemblement de plus de 5 000 personnes à compter de ce 15 août, évoquant des risques d’une seconde vague et ce au moment où le pays enregistre plus de 2 840 nouveaux cas ces dernières heures. Pourtant, la même semaine, il laisse plus de 9 000 personnes assister à un événement qui se déroule dans une partie de la France où, il faut bien le souligner, la loi qui régit la République est toujours en vigueur.
  3. Macron refait la même erreur que celle commise en mars dernier lorsqu’il avait accepté d’organiser des élections municipales alors que le Coronavirus était déjà présent sur le sol français où il avait déjà fait plus de 80 victimes. Je dois rappeler qu’à la fin des élections, des assesseurs et présidents de bureau de vote ont été testés positifs et l’Etat en est le seul responsable.
  4. La décision d’autoriser la présence de 9 000 personnes au Puy du fou (alors que tout événement de plus de 5 000 personnes a été interdit) confirme que l’interdiction annoncée il y a quelques jours par Castex vise principalement à verrouiller le pays et éviter toute contestation populaire à la rentrée, ce qui représente pour Emmanuel Macron qui mise tout sur sa réélection en 2022 un risque énorme. Pourtant, en toute logique, si on laisse 9 000 personnes prendre le risque d’assister à un spectacle en pleine pandémie, on devrait logiquement laisser 9 000 citoyens français responsables porter leurs masques et arpenter les rues du pays pour faire valoir leurs droits.

Désormais, tout ce qui reste à faire est de croiser les doigts pour que Puy du Fou ne devienne pas un foyer de contagion, ce qui serait un désastre total pour Emmanuel Macron dont la gestion de la crise n’a pas été très fameuse.

Puy du Fou ne devrait en aucun cas bénéficier d’un passe-droit. C’est un territoire français comme le sont Paris, Marseille ou ailleurs où des événements accueillant moins de personne ont été annulés.

Les 9 000 personnes autorisées à se rendre au Puy du Fou ce 15 août au soir ne sont plus des spectateurs, mais plutôt de la chair à canon. Et chaque vie enlevée par le Covid-19 dans ce spectacle aura des conséquences pénales très lourdes pour le pouvoir.