Référendum ADP : le gouvernement a-t-il saboté le site pour bloquer les signatures ?

L’opposition dénonce en masse les nombreux bugs sur le site du gouvernement dédié au Référendum d’Initiative Partagé (RIP), le premier en France. Pour certains, il ne s’agit pas d’une erreur technique, mais volontaire dont l’objectif est d’empêcher que le peuple français ne s’exprime

Un référendum d’Initiative Partagé (RIP) qui commence très mal. Le site lancé par le gouvernement pour permettre de soutenir le référendum d’initiative partagé contre la privatisation de l’aéroport de Paris (ADP) provoque déjà l’immense colère de l’opposition qui dénonce une volonté délibérée de saboter un processus démocratique.

En effet, de nombreux bugs notés ces dernières heures ont suscité une vive réaction de l’opposition qui espère obtenir 4,7 millions de signatures nécessaires afin d’enclencher la procédure de RIP, inédit en France. Le ministère de l’Intérieur est déjà sous le feu des critiques.

« Aveu d’incompétence ou volonté de mal faire »

Pour le député insoumis, François Ruffin, ce ne sont pas des bugs. « Pour moi, ce ne sont pas des bugs, j’ai reçu 253 messages d’erreurs 404, page not found. On voit même que le site du gouvernement n’est pas adapté pour juste être utilisable correctement sur un téléphone portable. Pour la start-up nation que proclame En Marche, c’est soit un aveu d’incompétence, soit une volonté de mal faire », a-t-il déclaré sur Europe 1, ajoutant que le gouvernement fera tout pour que les Français ne s’en saisissent pas.

Chez les insoumis, François Ruffin n’a pas été le seul à avoir vécu cette expérience. En effet, Clémentine Autain dit avoir passé 25 minutes avant de pouvoir signer. « Ça m’a pris 25 mn, j’ai dû changer d’ordinateur (bugs sur la commune, captcha…), mais c’est fait. Que l’Etat organise de tels freins démocratiques à l’expression démocratique est un scandale », a-t-elle twitté ce jeudi.

Face à cette situation, la réaction qui a le plus attiré l’attention des médias a été celle de Valerio Motta, entrepreneur et président d’une société numérique. « J’ai été de ceux qui ont pensé il y a quelques années tout le dispositif des premières primaires en France. Je sais quand une interface ou un dispositif est pensé pour faire participer massivement le public. Ou pas », a-t-il réagi sur twitter ce jeudi.

« Non respect des standards légaux »

Dans un autre twitte, il enfonce le clou : « le ministère indique qu’une ‘version du site totalement conforme aux dispositions du référentiel général d’accessibilité (RGAA) (qui garantit l’accessibilité des contenus pour les personnes en situation de handicap) sera disponible en fin mai 2019. Ce qui veut donc dire que le gouvernement a lancé publiquement un site qui ne respecte pas les standards légaux pour permettre aux citoyens en situation de handicap d’exercer leur droit constitutionnel ».

Un autre problème a aussi été souligné : celui de l’identification. Concernant les problèmes d’identification, le ministère assure qu’il n’y a aucun dysfonctionnement, mais précise que le dispositif nécessite d’être particulièrement rigoureux. De fait, la moindre erreur de majuscule, d’accentuation ou de typographie peut justifier que le système ne parvienne pas à vous identifier sur les listes électorales ou entrave la validation de votre participation.