Report de la présidentielle au Sénégal : une intervention militaire pour destituer Macky Sall ne serait que salutaire!

Une intervention militaire, dans des circonstances pareilles, ne serait que salutaire.

Certains des lecteurs et lectrices de notre média Lecourrier-du-soir.com seront sans aucun doute cueillis à froid en lisant cet édito au vitriol contre le régime despotique qui dirige le Sénégal d’une main de fer depuis plus de dix ans, bafouant systémiquement les droits les plus élémentaires des citoyens et normalisant le népotisme et la concussion à toutes les échelles du pouvoir.

Jusqu’ici, les Sénégalais avaient, à leur corps défendant, fait le choix d’encaisser les coups, estimant qu’il ne fallait surtout pas jouer le jeu d’une dictature à bout de souffle dont les jours étaient comptés. Oui, le Sénégal se dirigeait vers une élection présidentielle qui devait avoir lieu ce 25 février et qui, à coup sûr, marquerait la fin du « Mackyisme » qui aura brillé par l’entrisme, le pillage des deniers publics et la violation des libertés individuelles.

Tout était alors fin prêt pour tourner la page d’une décennie de leurre, d’intimidation, de duperie et de magouille politique dont l’unique objectif a toujours été la satisfaction inconditionnelle d’un homme dont l’accession au pouvoir est, sans aucun doute, le plus grand accident de l’Histoire politique du Sénégal, compte tenu de son médiocre parcours politique qui n’impressionne personne.  Mais, c’est avec une immense surprise que les Sénégalais ont appris, ce 03 février, de la bouche du Roi que la présidentielle tant attendue n’aura finalement pas lieu. Et pire, les raisons évoquées par le régime pour reporter cette élection sont loin de convaincre.

En effet, ce 03 février, dans un discours à la Nation, Macky Sall a annoncé le report de la présidentielle prévue ce 25 février. Et les raisons avancées par ce dernier dénotent son manque de courage politique mais aussi et surtout son mépris envers une Nation qui lui a pourtant tout donné.

Ainsi, d’après le successeur de Wade, la présidentielle ne peut se tenir en raison d’une supposée affaire de corruption impliquant des juges du Conseil Constitutionnel et le cas d’une candidate (en l’occurence Rose Wardini) qui détiendrait une double nationalité (française et sénégalaise).

Pour celles et ceux n’ayant pas suivi l’actualité politique sénégalaise de ces derniers jours, il est important qu’on vous rappelle que la Constitution sénégalaise interdit à tout candidat qui aspire à diriger le pays de détenir une double nationalité. Et la première victime de cette décision n’est autre que Karim Meïssa Wade, fils de l’ex président Abdoulaye Wade. La candidature de Karim a été rejetée lorsqu’il a été confirmé que ce dernier était détenteur de la nationalité française.

Le cas Karim a donc été très vite réglé pour les raisons que nous venons d’évoquer. Mais, hélas, c’est de là que toute la magouille « politichienne » de Macky a commencé. En effet, profitant de l’immense courroux du PDS (parti de Karim), le président saisit une opportunité de taille pour faire croire que le pays était sous la menace d’une grave crise politique qui ne pouvait, en aucun cas, permettre de tenir des élections libres et transparentes.

Et cerise sur le gâteau. Quelques jours plus tard, des accusations de corruption visant le Conseil Constitutionnel donnera à Macky l’opportunité tant rêvée pour mettre en action son subterfuge. Le stratagème est simple, mais très efficace : verrouiller toutes les pistes, instaurer dans la tête des Sénégalais (à travers une presse corrompue) l’idée que le pays traverse une grave crise institutionnelle qui justifierait le report illico presto d’une élection présidentielle qui ne pouvait, en aucun cas, être remportée par son candidat chouchou, Amadou Bâ.

Les choses sont très claires :

  1. contrairement à ce qu’affirme le pouvoir en place, il n’y a aucune crise institutionnelle au Sénégal qui justifie le report de la présidentielle du 25 février 2024 à moins ce que cette option ne serve les intérêts d’un président qui cherche à s’aggriper au pouvoir.
  2. En quoi la double nationalité de Rose Wardini constitue-t-elle une menace à l’organisation d’une élection libre et transparente dans ce pays? L’idée est d’autant plus saugrenue que cette dernière n’a aucun poids politique car ne pouvant pas, dans une élection transparente, mobiliser 10 000 électeurs.
  3. Le peuple sénégalais a parfaitement compris le jeu très pervers du pouvoir en place qui, comme par hasard et pour la première fois, observe une prudence de sioux concernant les accusations de corruption visant des juges constitutionnels, alors que le même Conseil Constitutionnel a arbitrairement écarté Ousmane Sonko sans aucun motif juridique valable.

Le coup d’Etat institutionnel dont se plaignent les Sénégalais ne me surprend absolument pas. D’ailleurs, compte tenu de tout ce qui s’est passé ces derniers mois, ce n’était que le cours naturel des choses. Ce qui me sidère, c’est la lâcheté de l’Armée qui, dans de telles circonstances, aurait dû prendre toutes ses responsabilités pour mettre fin à ce cirque qui n’a que trop durer.

Un coup d’Etat militaire reste la seule et unique option viable. Toute solution autre que celle-ci n’est que cautère sur une jambe de bois.