Scandale Pétro-Tim et démission d’Aliou Sall : la justice sénégalaise a totalement échoué

La période que nous vivons au Sénégal est exceptionnelle. En effet, beaucoup s’offusquent du scandale Pétro-Tim. Et pour cause ! Cependant, il existe une autre crise d’une gravité extrême dont on parle très peu : celle de la justice. Une justice partiale, taillée sur mesure et pis, malade.

Aliou Sall, actuel frère de Macky Sall, président de la République du Sénégal, a présenté sa démission il y a deux jours.  La main sur le Coran, l’ex directeur de Cdc (Caisses des Dépôts et de Consignation) dont le nom avait été cité dans le grave scandale pétrolier qui a fait le tour du continent dit être totalement innocent.

« Je jure que les accusations selon lesquelles j’ai reçu de l’argent en provenance de Timis Corporation vers la société Agri-Trans ne sont pas fondées. Je n’ai même pas reçu un seul dollar, à plus forte raison 250 000 dollars. On m’accuse de détenir des actions dans des compagnies pétrolières au Sénégal. Je jure par le Coran que je n’ai aucun pourcentage dans des sociétés pétrolières, ni au Sénégal, ni à l’étranger », s’est défendu Aliou Sall.

L’accusé, dans son discours, a regretté que ses accusateurs n’aient pas soumis leurs informations à la justice, mais ont plutôt préféré ternir son image à travers les médias. Ce jugement d’Aliou Sall me paraît assez intéressant car il remet sur la table la question de la crédibilité de notre justice.

En somme, le frère de Macky Sall reproche à ses accusateurs de ne pas s’être confiés à la justice. Sans s’en rendre compte, à travers ses déclarations, il met carrément en danger notre justice. En effet, des politiciens dont je ne citerai pas le nom n’ont cessé ces dernières années d’alerter l’opinion sénégalaise sur ces magouilles au plus haut sommet de l’Etat. Ils n’ont jamais été écoutés par la justice et pire, certains d’entre eux sont même persécutés.

Depuis  le documentaire de la BBC, nous n’avons pas eu droit à des explications dignes de ce nom de la part du président sénégalais. Ce dernier s’est, certes, prononcé sur le scandale, mais a minimisé les faits. Si un membre de l’opposition avait été éclaboussé par un scandale d’une telle ampleur, je pense que la justice sénégalaise aurait agi avec une célérité impressionnante. Les cas de Khalifa Sall, Karim Wade ou autre le confirment.

La position de la justice sénégalaise est d’autant plus embarrassante que l’OFNAC (Office Nationale de Lutte Contre la Fraude et la Corruption) accuse vertement le procureur, Serigne Bassirou Gueye, d’avoir manqué à ses obligations de diligenter une enquête sérieuse dans l’Affaire Pétro-Tim car 19 rapports lui avaient été remis et qu’il les avait bien épluchés.

Aujourd’hui, toute l’enquête est entre les mains d’un procureur qui agit comme un avocat du président dans un scandale d’Etat qui secoue toute la nation. Ne vous étonnez surtout pas que l’Affaire Pétro-Tim soit étouffée. D’ailleurs, la démission tardive d’Aliou Sall va dans le sens d’apaiser les Sénégalais et de tourner la page avec douceur.

Dans l’Affaire Pétro-Tim, la justice sénégalaise a montré toutes ses limites. Je rappelle qu’aucune perquisition n’a été ordonnée (ce qui aurait dû être le cas) ni chez Aliou Sall ni dans les locaux de la Cdc. Chaque document saisi dans le cadre de ces perquisitions aurait pu éventuellement mettre la lumière sur une affaire plus que floue.

Jusqu’ici, il n’en est rien du tout. Le scandale est révélé, les accusateurs fournissent des preuves probantes. Mais, la justice sénégalaise ne veut rien comprendre et tente par tous les moyens d’endormir un peuple soif de justice.

Pauvre justice !