En passe d’être chassé du Niger, Macron fait un retournement de veste inimaginable en se tournant vers le Venezuela de Nicolas Maduro dont l’élection à la tête du pays n’avait pas été reconnue en 2018 par la France. C’est du moins ce que nous a appris ce 17 août le journal Le Monde.
En effet, d’après cette source, la France a officiellement normalisé ses relations diplomatiques avec le Venezuela en y nommant un nouvel ambassadeur, Emmanuel Pineda, lequel a remis ses lettres de créances au président Maduro en direct à la télévision ce 16 août.
« L’acte est hautement symbolique. Diffusée en direct à la télévision publique du Venezuela, la cérémonie durant laquelle le nouvel ambassadeur de France, Emmanuel Pineda, a remis, mercredi 16 août, ses lettres de créances au président Nicolas Maduro officialise la normalisation des relations entre les deux pays, après une période de tension provoquée par la non-reconnaissance par Paris de la réélection du chef de l’Etat en 2018 », renseigne Le Monde.
Derrière ce grand coup diplomatique, se cache une réalité géopolitique que personne ne peut nier. En effet, depuis la guerre en Ukraine qui a plongé le monde dans une crise énergétique sans précédent, l’Occident a compris qu’il est désormais crucial de compter sur l’Afrique et l’Amérique pour assurer la diversification de ses ressources en pétrole.
C’est d’ailleurs l’explication fournie par Luis Angarita, professeur spécialiste des relations internationales à l’Université centrale du Venezuela. « Le monde doit diversifier ses sources [d’approvisionnement en pétrole] avec l’Afrique et l’Amérique. Le Venezuela, qui a les plus grandes réserves du monde, réintègre ainsi la géopolitique ! La France l’a compris », soutient le professeur.
Il faut surtout marteler que la normalisation des relations entre Paris et Caracas intervient dans un contexte géopolitique assez tendu marqué par un coup d’Etat au Niger qui a renversé l’ex président Mohamed Bazoum, perçu par la junte militaire comme une marionnette de la France.
Ce coup dur asséné à Bazoum est aussi une claque infligée à la France qui compte énormément sur l’uranium du Niger pour alimenter ses centrales nucléaires. En effet, il convient de préciser que le Niger reste l’un des pays les plus stratégiques dans l’approvisionnement de l’uranium pour Paris et l’Europe. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes.
En 2021, l’approvisionnement de l’uranium du Niger à l’Europe représentait 24,26%, loin devant le Kazakhstan (22,99%) ou encore la Russie (19,69%). Concernant l’approvisionnement de l’uranim pour la France, la dépendance de l’Hexagone est indéniable. Sur les 6 286 tonnes d’uranium importées en France en 2020, 34,7% provenaient du Niger. Le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et l’Australie représentent respectivement 28,9%, 24,6% et 9,9%.
Alors que l’hiver s’approche à grands pas en Europe, c’est désormais la course contre la montre pour éviter une pénurie de gaz. Et l’Occident est tout à fait conscient que pour s’en sortir, il n’a plus d’autre choix que de retourner sa veste et de traiter avec des régimes jadis considérés comme « voyous ».
En attendant la suite des événements, le Venezuela de Nicolas Maduro tire profit du contexte géopolitique actuel et devient totalement fréquentable.