Pour commencer, La Trille du Diable passionnera tous les lecteurs et les lectrices qui apprécient les romans historiques fictifs ou non. L’auteur a décidé d’explorer trois pays différents, mais liés les uns aux autres à savoir la République Arabe Unie, l’Allemagne de l’Est et l’Egypte. Par ailleurs, le roman est divisé en 3 et chaque division porte le nom du pays en question. Le premier roman de Nabil Malek a été publié par les célèbres éditions francophones L’Harmattan en janvier 2023. La Trille du Diable apparaît dans la collection des Impliqués Editeur. Ce livre explore des thématiques délicates dont les actions militaires au Moyen-Orient, les mouvements des Palestiniens mais aussi le combat contre les Frères Musulmans. Le principal opposant était donc le président Abdel Nasser, reconnu pour ses actions drastiques et sa gestion hostile des conflits.
Cette histoire débute avec la guerre israélo-égyptienne de 1967. Le lecteur rencontre aussi le héros, le personnage principal de l’œuvre, Amin. Il connait la réalité du terrain : le narrateur rencontre le capitaine Mokhtar qui a aussi été blessé pendant la bataille. D’ailleurs, l’Egypte a perdu. Selon l’Etat, la faute incombe à un manque de compétences, du côté égyptien. En effet, contrairement aux allemands qui ont développé un système d’espionnage de pointe et des renseignements secrets, l’ennemi est plus vulnérable. C’est en se basant sur ce fameux modèle allemand que tout débute.
C’est Amin qui va être envoyé en République Démocratique Allemande (RDA). Sur place, il fait la rencontre d’un personnage extrêmement charismatique et effrayant Markus Wolf, chef de la Stasi, et Erich Mielke, le ministre de l’intérieur.
Rapidement, Amin se rend compte à quel point la vie en Allemagne est oppressante. En effet, les membres de la Stasi se regardent tous de travers : ils sont à l’affût de la moindre suspicion de trahison. De plus, la visite de cette ville, loin des siens n’est pas du tout une pure partie de plaisir, bien au contraire…
L’auteur Nabil Malek a décidé d’exposer la réalité telle qu’elle l’a été. Il s’agit d’un roman dans lequel Amin est amené à commettre des erreurs stratégiques. Lui qui s’intègre plutôt bien au début se voit vite remarqué, en présence ou proche d’opposants au régime. Ces tragédies le mènent à finir en prison, à se faire torturer, humilier… D’ailleurs, le pauvre protagoniste finira sur une chaise roulante, dans un hôpital psychiatrique, ne sachant plus qui il est. Il y a bien cette fille… Cette femme dans l’ombre, qui est un souvenir. Un amour ? Une fille ? Amin est perdu, complexe, car il a subi et survécu des obstacles qui semblent impossibles à surmonter. Ce personnage unique et extrêmement bien construit donne de l’espoir, dans un monde où tout semble noir, terni. Une carte postale déchirée, où tous les membre présents sont des traîtres, prêts à se tirer dessus à la moindre occasion.
Nabil Malek présente un roman qui met en avant les stratégies politiques, mais aussi des évènements historiques réels. Cependant, ces évènements qui servent l’intrigue ne sont pas forcément des éléments indispensables à la compréhension de l’intrigue, qui se focalise avant tout sur la recherche de soi, la vérité et la survie dans un milieu hostile. Tout ce qu’Amin croyait ? Était-ce un pur mensonge ? Après cette guerre froide, qui est souvent minimisée dans les films ou livre – l’on retrouve souvent cette manie de plutôt traiter la seconde guerre mondiale, mais la réalité est peut-être plus subtile. Toute guerre est une honte à l’espèce humaine, qui mérite la dignité : peu importe son origine…
La trille du Diable se présente comme une fresque historique et presque un roman initiatique, à la Voltaire comme Candide. Le lecteur qui aborde ce livre en sachant où il atterrit n’est pas prêt aux nombreux rebondissements. Amin est un protagoniste qui se construit, se déconstruit, grandit et se recroqueville. Dans ses nombreux voyages à travers le monde, il rencontre des personnalités fascinantes, détestables, inspirantes, dégoûtantes.
Dans ce voyage initiatique, Amin est tout d’abord excité par sa nouvelle mission. Il sent qu’il peut trouver un sens à son existence, se rendre utile. Puis, il déchante petit à petit, se rendant compte de l’absurdité de cette mission, qui l’amène à côtoyer des personnages odieux mais aussi des humains cherchant à s’en sortir. Il passe par des étapes insoutenables, qui mettront les nerfs du lecteur à vif. Comment peut-on subir de telles injustices ? Où est la vérité dans u monde corrompu ? Tant de questions qui sont traitées habilement et qui mènent à une autre réflexion. Certes, les temps ont changé. Les politiciens ont été remplacés par d’autres… Mais les conflits restent désespérément les mêmes. Le pouvoir compte : il n’y a que lui qui semble régner en maître. Ne serait-ce pas là un conseil que le Diable en personne pourrait donner à une pauvre âme en quête de sens ? Pour ce premier roman, Nabil Malek pose la barre très haut. Sans doute grâce à son passé et à l’Histoire de sa famille, l’homme derrière ce livre mérite que l’on reconnaisse sincèrement cette œuvre digne d’être lue et même étudiée par l’éducation nationale.
