Venezuela : l’opposant Fernando Alban aurait été assassiné par les agents de renseignement

Fernando Alban, homme politique vénézuélien, est mort dans des conditions très floues. Le gouvernement parle de suicide, tandis que l’opposition privilégie la thèse d’un assassinat politique

Moins d’un mois après l’attentat déjoué qui visait le président vénézuélien, Nicolas Maduro, un nouveau rebondissement suscite l’intérêt des médias internationaux. En effet, la mort mystérieuse de Fernando Alban, conseiller municipal et chef de fil du parti politique (Première Justice) accusé d’avoir voulu tué le président Maduro, occupe la une des médias.

Fernando Alban avait été arrêté vendredi 5 octobre. Il était prévu qu’il comparaisse devant un juge ce lundi. Cependant, il perdra la vie quelques heures plus tard. En effet, ce lundi, le ministre de l’Intérieur du Venezuela, Nestor Reverol et le procureur de la République, Tarek William Saab, ont annoncé la mort de Fernando Alban.

Ce n’est plus la mort qui pose problème, mais les conditions dans lesquelles cette mort est intervenue. En effet, d’après Nestor Reverol et Tarek William Saab, Fernando Paz est mort après s’être jeté par une fenêtre située au 10ème du siège du Sebin (service de renseignement vénézuélien) au niveau de la Place Venezuela.

« Ils l’ont tué »

D’après le média vénézuélien, El Universal, Fernando Alban avait requis l’autorisation de prendre une douche avant d’être transféré au tribunal. Selon les autorités, il aurait profité de cette occasion pour se suicider. Néanmoins, la thèse du suicide défendue par le ministre de l’Intérieur et le procureur est loin de convaincre l’opposition vénézuélienne.

En effet, quelques heures après l’annonce de sa mort, la secrétaire de Fernando Alban s’est prononcée sur cette affaire. Pour elle, le conseiller municipal a été tué. « Ce n’est pas possible que les gens ne réagissent pas. Il ne s’est pas donné la mort, il ne s’est pas tué. Ils l’ont tué », a déclaré la secrétaire.

« L’église brise son silence et exige une enquête »

D’après le média El Comercio, la mort mystérieuse de Fernando Alban est qualifiée d’assassinat par son parti politique et plusieurs organisations de défense des droits de l’homme ont ouvertement accusé Gustavo Gonzalez Lopez, actuel directeur des services de renseignement vénézuélien, d’avoir commandité cet assassinat.

Il convient de souligner que la mort du conseiller municipal suscite une vive réaction, y compris de la part de l’église. En effet, ce jeudi, l’archidiocèse de Caracas a interpelé le gouvernement de Nicolas Maduro sur ce meurtre et a exigé qu’une enquête soit diligentée pour déterminer les causes de la mort de l’opposant.

« L’avocat d’Alban dément la thèse officielle »

L’avocat de Fernando Alban s’est aussi exprimé sur la mort de son client. Interrogé par la chaîne américaine CNN, Joel Garcia a démenti la thèse officielle. « C’est totalement faux qu’il a demandé à prendre une douche parce qu’on sait que dans ce siège Sebin, il n’y a personne qui se déplace tout seul, il y a des caméras partout », a-t-il déclaré.

La mort de Fernando Alban est d’autant plus préoccupante que son corps serait sur le point d’être incinéré d’après ses proches. Une incinération qui offusque certains dont Delsa Solorzano, présidente de l’Assemblée Nationale qui, ce 9 octobre, a exigé qu’une autopsie soit réalisée.