Après le crime, la purge. Un an après l’assassinat abject de Jamal khashoggi, citoyen saoudien tué en octobre 2018, les autorités saoudiennes qui ont commandité ce meurtre ont trouvé un moyen d’étouffer une affaire qui, en principe, aurait dû pousser toutes les puissances occidentales à rompre leurs relations diplomatiques avec ce régime.
En effet, ce lundi 23 décembre, nous avons appris que 5 citoyens saoudiens sont condamnés à la peine de mort par un tribunal de Riyad et que trois autres ont été condamnées à des peines de 24 ans de prison. Dans la presse saoudienne, des informations ont été fournies sur le verdict rendu par le tribunal.
Ainsi, selon Shalaan Al-Shalaan, porte-parole du procureur, la décision d’assassiner Khashoggi n’était pas préméditée. Elle a été prise de manière spontanée par ses bourreaux. Dans la presse saoudienne, on apprend également que les conclusions de l’enquête ne font sortir aucune « inimité » entre Khashoggi et ses assassins.
Toujours dans la presse saoudienne, on nous apprend que le meurtre de Khashoggi à l’intérieur du consulat saoudien d’Istanbul en Turquie avait été convenu entre les assassins et une équipe de négociateurs. D’après le verdict du tribunal de Riyad, Khashoggi a été tué une fois que les négociateurs se soient rendu compte que « ce n’était plus possible de l’amener à un endroit sûr pour poursuivre les négociations ». Quelle plaisanterie !
Les explications sont saugrenues et ne convainquent que les cons. Mais, après le crime capital commis par le royaume islamique (et même islamiste), il fallait trouver un argument pour défendre l’indéfendable. Et malheureusement, l’Occident, la grosse pute de ce régime, disculpera sans aucun problème un royaume totalitaire pétrodollar qui arrose l’Occident à hauteurs de plusieurs milliards de dollars.
La réalité, nous la connaissons tous. Jamal Khashoggi a été tué sur ordre du gouvernement saoudien. Jamais, il n’aurait été tué sans l’autorisation de ce gouvernement. Jamais, il n’aurait non plus été assassiné à l’intérieur du consulat saoudien sans l’autorisation au préalable des autorités saoudiennes. Il a été tué pour la raison que nous connaissons tous : sa position très dure contre le régime en place.
Des preuves probantes ont été fournies par les enquêteurs turcs qui se sont chargés de cette affaire depuis le début. Ainsi, le 8 novembre 2018, ces mêmes enquêteurs avaient retrouvé de l’acide et des produits chimiques dans le domicile de Mohamed Al-Otaibi, consul saoudien à Istanbul. Les produits avaient été jetés dans un puits. Le 17 octobre 2018, les médias turcs avaient révélé que Khashoggi avait été tué dans le bureau du consul-général saoudien en Turquie et que ce dernier a personnellement assisté à l’assassinat. Cependant, l’Arabie Saoudite n’a jamais été inquiétée par ces révélations.
Après avoir commis la forfaiture, voilà que le royaume saoudien, très ami avec l’Occident, trouve une stratégie subtile de noyer le poisson. Désormais, le royaume qui a commandité le crime veut nous faire croire qu’il a les mains propres et qu’il n’a rien à voir dans cette affaire. Ainsi, dans quelques heures ou jours ou mois, des citoyens vont payer de leurs vies pour avoir tout simplement obéi à des ordres venus d’en haut, pendant que les cerveaux de ce crime continuent à vaquer tranquillement à leurs occupations.
Pendant qu’un autre crime est en train d’être commis, sous nos yeux, dans le royaume saoudien, je me demande où est l’Occident qui s’empresse tant de sanctionner la Russie, la Turquie ou la Chine lorsqu’une poignée d’opposants anti-régime sont maintenus en prison dans ces pays ?
Cette politique de deux poids deux mesures fait que ceux qui se sont érigés en tant que seuls et uniques défenseurs de la démocratie se soient transformés en marionnettes d’un régime sanguinaire qui peut se permettre de piétiner les droits les plus élémentaires de ses citoyens sans avoir à rendre des comptes.
Il est désormais grand temps de sauver la démocratie en Arabie Saoudite avant qu’il ne soit trop tard.