A quelques heures de la trêve hivernale, les expulsions locatives se multiplient. Face à cette situation à laquelle font face de nombreux Français, pour la plupart pères et mères de famille, la Fondation Abbé Pierre tire la sonnette d’alarme. Dans un communiqué publié il y a une semaine, la Fondation déplore une hausse des expulsions locatives en 2018 (15 993 ménages), soit plus de 36 000 personnes contre 15 547 en 2017. Un record historique.
Voici l’intégralité du communiqué.
« La trêve hivernale intervient le 1er novembre dans un contexte dramatique concernant les expulsions locatives. En 2018, 15 993 ménages – soit plus de 36 000 personnes – ont été expulsés avec le concours de la force publique (contre 15 547 en 2017). C’est un record historique et une augmentation sans précédent de 41% depuis 10 ans et de 152% depuis 2001. Ces chiffres ne comptent pas les ménages, estimés entre 2 et 3 fois plus nombreux, qui sont partis en amont de l’arrivée des forces de l’ordre, contraints par la procédure.
Seuls signes encourageants : la baisse des assignations au tribunal et des décisions de justice prononçant l’expulsion, remarquée depuis maintenant trois ans.
En 2018, les assignations sont passées sous la barre des 155 500 (158 5000 en 2017) et les décisions sous celle des 120 000 (contre 124 500 en 2017).
Pourtant, le 31 mars dernier, la Fondation Abbé Pierre avait demandé au Gouvernement de mettre en oeuvre un plan d’urgence, estimé à 100 millions d’euros, pour enrayer l’augmentation constante des expulsions locatives (voir ci-contre). À ces mesures d’urgence, la Fondation avait proposé les axes d’une politique publique de prévention durable et ajustée aux besoins.
Alors que le Gouvernement a annoncé en septembre l’acte II du plan quinquennal « Logement d’Abord », aucune réponse aux propositions de la Fondation n’a été apportée. Pire, la politique du logement actuelle et le projet de loi de finances, actant des coupes massives dans les APL et le monde Hlm, semblent incompatibles avec une véritable prévention des expulsions.
La Fondation continuera à sensibiliser l’opinion publique contre ces inacceptables injustices et à se battre pour accompagner ces personnes, via sa plateforme téléphonique « Allô prévention expulsion » (0810 001 505) et le réseau associatif qu’elle a soutenu ces 20 dernières années sur l’ensemble du territoire. Mais la courbe ne pourra pas s’inverser tant que les pouvoirs publics n’auront pas pris la pleine mesure de leur responsabilité dans ces drames humains »