135 euros d’amende pour avoir soutenu le RIC : en France, la Démocratie est mourante

(Une analyse du journaliste Cheikh DIENG)

La nouvelle fait la une des médias et je ne peux m’empêcher de me demander si l’on est encore en démocratie. Imaginez-vous, en pleine crise des Gilets Jaunes, au moment où les tensions montent d’un cran face à une répression policière sans précédent, la liberté des individus est désormais sérieusement menacée.

En effet, une information largement relayée par les médias nous apprend qu’un couple (Jérôme et Béatrice) en provenance de l’Orne a été verbalisé ce samedi 23 mars dans Paris. Les deux ont écopé d’une amende de 135 euros pour avoir simplement porté un pull sur lequel il était écrit : « Oui au RIC, je dis oui au référendum d’initiative populaire ».

Interrogé par la presse, Jérôme s’indigne et déplore une absence de liberté d’expression en France. « C’est de l’abus de pouvoir, vous vous rendez compte pour un pull où il y a écrit ‘Oui au RIC’. On n’a plus le droit de s’exprimer en France », dénonce le jeune homme. Selon Béatrice, les policiers sont allés jusqu’à leur demandent d’enlever leurs pulls, mais ils ont catégoriquement refusé de le faire.

Je ne m’attarderai pas trop sur cette information qui a largement circulé sur la toile. D’importants médias en France l’ont relayé avec des preuves à l’appui. Dans l’article de France Info que j’ai pu lire, j’ai en effet pu voir le procès-verbal dans lequel apparaît la rue Victor Hugo, dans le 16ème arrondissement de Paris.

Face à ce qui paraît être une dérive autoritaire contre des pauvres manifestants qu’on a traînés dans la boue en les accusant de tout (racistes, fachos, antisystème…), je pense qu’il serait bon (et d’ailleurs il est temps) que l’Exécutif se ressaisisse un peu, qu’il accepte finalement de voir la réalité en face.

La réalité n’est peut-être pas difficile à voir. Il suffit juste d’avoir la volonté d’assumer ces erreurs et mauvais choix tactiques. Je rappelle qu’à l’Acte 19, une partie de l’Armée a été déployée contre une grande partie du peuple qui a mis sur la table des revendications très légitimes. Je rappelle aussi que des manifestants ont perdu un œil, certains un bras. Si à cela, on ajoute le nombre d’interpellations et des comparutions immédiates qui battent des records, il devient difficile de nier qu’en France, la Démocratie vit ses dernières heures.

Au nom de quoi, des citoyens et contribuables français n’ont-ils plus le droit de porter un pull sur lequel est mentionné : « Oui au RIC » ? A ce que je sache, le RIC n’est pas un appel au meurtre, ni à un soulèvement populaire. C’est une revendication légitime qui tire ses origines d’il y a plus de deux siècles.

Permettez-moi de rappeler que dans le programme de l’homme politique américain Ignatius Donnely (au 19ème siècle), ce dernier parlait déjà de Référendum d’Initiative Populaire. Donc, infliger une amende de 135 euros à un couple dont le crime a été de soutenir le RIC, dans une démocratie, cela ne peut se comprendre.

 

Je tiens à rappeler aux forces de l’ordre (à qui je voue un immense respect) que nous ne sommes pas en Union Soviétique, mais bien en France, l’un des modèles de démocratie dans le monde, tel qu’on nous le faire croire depuis plus d’un siècle. A travers une répression policière sans précédent, ils sont en train de transmettre une très mauvaise image de ce pays et participent activement à fomenter la haine du flic. Nous ne devions jamais en arriver là.

Je pense que la crise des Gilets Jaunes a le mérite de mettre en exergue les limites d’un système politique à bout de souffle et qui n’hésite plus à recourir aux moyens les plus virulents, les plus impopulaires et les plus antidémocratiques pour mettre à genoux un peuple qui a vomi ses dirigeants.

A cause du refus catégorique du gouvernement de répondre à une partie des doléances du peuple (des doléances totalement légitimes), la Démocratie française est devenue la risée du monde occidental. Quelle honte !