Une campagne lancée par le parti d’extrême-droite hongrois Fidesz au pouvoir contre le milliardaire juif américain, George Soros, crée la polémique. Cette campagne risque de ternir l’image du gouvernement israélien dont le premier ministre, Benjamin Netanyahou, doit visiter la Hongrie dans les jours qui viennent
En Hongrie, George Soros est persona non grata. Le gouvernement hongrois a en effet lancé une campagne contre le milliardaire juif américain, George Soros. Dans plusieurs villes du pays, l’on pouvait voir des affiches du philanthrope américain, sourire aux lèvres. A côté de la photo de Soros, une petite phrase : « ne laissons pas Soros rire le dernier ».
D’après la BBC, le gouvernement d’Extrême-droite hongrois a dépensé environ 5,7 milliards de forints (soit 16,3 milliards de dollars) dans cette campagne. D’après CNBC, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, accuse George Soros de soutenir l’immigration clandestine dans le pays et de tenter de saper les politiques migratoires du gouvernement.
« Des relents d’antisémitisme évoqués »
Mais déjà, des relents d’antisémitisme sont évoqués de part et d’autre. Les détracteurs du gouvernement hongrois comparent cette campagne à celles menées dans les années 1930 lorsqu’on affichait des portraits de Juifs les traitant de manipulateurs politiques. La BBC nous a d’ailleurs appris qu’Andras Heisler, chef de la communauté juive en Hongrie, a personnellement demandé à Viktor Orban de mettre fin à cette campagne.
Une demande à laquelle le premier ministre hongrois a répondu négativement. Il convient de souligner que cette campagne qui intervient quelques jours avant la visite de Benjamin Netanyahou, premier ministre israélien en Hongrie, embarrasse le gouvernement israélien accusé de soutenir en catimini cette campagne.
Dans un communiqué publié par le ministère israélien des Affaires étrangères ce 9 juillet, le porte-parole du ministère a souligné que le gouvernement israélien « déplore toute expression d’antisémitisme quel que soit le pays » et dit « être au côté des communautés juives dans la lutte contre la haine ».
« Netanyahou accusé de soutenir la campagne du gouvernement hongrois »
Toutefois, le ministère israélien des Affaires étrangères n’a pas cherché à défendre Soros qu’il accuse de « saper sans cesse les efforts des gouvernements israéliens démocratiquement élus en finançant des organisations qui calomnient l’Etat juif et qui lui refusent le droit de se défendre ».
En Israël, la gauche s’est acharnée sur Benjamin Netanyahou qu’elle accuse de connivence avec l’extrême-droite hongroise. C’est en tout cas le point de vue de Zeheva Gal-On, chef de file du parti d’extrême-gauche israélien, Meretz. Ce lundi, elle a ouvertement accusé le premier ministre israélien d’encourager l’ « antisémitisme dans le monde ».
« Soros, un philanthrope pro-migration et cible des mouvements extrémistes »
Rappelons que les relations entre George Soros et le gouvernement hongrois ont été très tendues ces derniers mois. Le gouvernement hongrois veut d’ailleurs fermer l’Université d’Europe Centrale basée à Budapest et financée par George Soros depuis 1992. Les financements de Soros destinés aux organisations des droits de l’homme dans le pays ont fait de lui une cible privilégiée pour les mouvements nationalistes.
George Soros est connu pour sa position pro-migration. En 2016, il avait suggéré que l’Europe reçoive 300 000 réfugiés par an en provenance de la Turquie, de la Jordanie et du Liban. Il considère que l’immigration choisie est une des solutions pour faire face au manque de main-d’œuvre qui touche plusieurs secteurs d’emploi en Europe dont les nouvelles technologies et les foyers d’accueil. Ce 1er Juin, il avait traité le gouvernement de Viktor Orban de « mafia ».