Crise politique en France : sauf miracle, Macron n’aura pas un second mandat !

Moins d’un an après son élection à la tête de la France, Macron est au bord du fiasco. Emmanuel Macron, actuel président de la France, le plus jeune de la Vème République, a été élu le 7 mai 2017 avec 66,1% des suffrages. A cette date, le nouvel espoir de la France et de l’Europe avait étrillé sa rivale, Marine Le Pen du Front National, laquelle n’avait obtenu que 33,9% des suffrages.

Macron est arrivé au pouvoir dans un contexte politico-social particulier. Son prédécesseur, François Hollande, ne rassurait plus, le PS au pouvoir était totalement désaxé et dirigeait un pays à bout de souffle. A droite, rien n’allait plus. Au sein du parti LR, les divisions apparaissaient au grand jour entre Sarkozystes, Fillonistes et Juppéistes. Pour une majeure partie des Français, le pays allait mal et il fallait tout faire pour éviter que le FN ne s’empare du pouvoir, ce qui serait un désastre.

Dans un contexte politico-social particulier marqué par une grave crise économique, l’arrivée d’une figure jeune, dynamique telle que Macron peut servir à éviter le pire. Toutefois, plusieurs questions se posent encore sur son élection. Macron était-il vraiment l’homme que les Français voulaient voir diriger leur pays ? La division notée à gauche et à droite n’a-t-elle pas favorisé son accession fulgurante qui a surpris plus d’un ?

« Entre deux maux, il faut choisir le moindre », dit le dicton.  Lorsqu’on voit la crise politique interne à laquelle fait face l’actuel président français, l’on est obligé de donner raison à François Hollande qui, dans son livre-bilan (Les Leçons du pouvoir), dont les extraits ont été publiés dans la presse, écrit ceci : « son élection doit beaucoup à un jeu du destin et à l’état des forces politiques ». A y regarder de près, l’ancien chef d’Etat, l’un des plus impopulaires de la Vème République, n’avait pas tout à fait tort.

Il faudra rappeler que quelques jours après son élection (et peu avant cet événement), Macron était devenu, malgré lui, un nouveau Messie, à la fois pour la France mais aussi pour l’Europe. D’ailleurs, le 7 mai, le journal français Les Echos titrait : « Macron président : le choix de l’espoir ». A l’international, le mot « espoir » était sur toutes les lèvres. « Emmanuel Macron apporte de l’espoir », disait Wolfgang Munchau, éditeur au prestigieux journal Financial Times.

L’effet Macron avait très vite gagné le monde et le porteur de cet immense espoir, Emmanuel Macron, ne voulait surtout pas surprendre. Il déroule un projet européen très ambitieux et s’érige contre le populisme et le nationalisme qui ont récemment gagné du terrain sur le continent.

« Le nationalisme, c’est la guerre », avait-il lancé à Marine Le Pen lors d’un débat télévisé. Le 2 octobre 2017, au lendemain du référendum en Catalogne qui avait été réprimé dans le sang par le gouvernement espagnol, Macron prend des risques énormes et apporte son soutien total à Mariano Rajoy, premier ministre espagnol. « J’ai un interlocuteur en Espagne, c’est le premier ministre Rajoy », avait-il martelé.

Afin de renforcer sa position de leader européen, Macron comprend très vite qu’il doit s’imposer à l’international. Sur l’Iran, il prend le contrepied de Donald Trump en défendant le « nécessaire respect » de l’accord nucléaire signé entre la République Islamique et l’Occident en 2015.

En mai 2017, lors d’une visite de Vladimir Poutine en France, Macron fait une déclaration qui fera la une des médias du monde. Il s’est en effet durement attaqué aux médias russes qu’il a accusé d’être des organes de propagande du Kremlin. « Russia Today et Sputnik ont été des organes d’influence durant cette campagne qui ont, à plusieurs reprises, produit des contrevérités sur ma personne et ma campagne », avait-il dénoncé devant Poutine.

Pendant trois mois, Macron jouissait d’une couverture médiatique faste sur le plan national et international. Quelques semaines plus tard, sa large victoire aux législatives venaient de clouer le bec à ses adversaires qui avaient très peu de marge de manœuvre pour lui déclarer la guerre frontalement. Macron était aux anges.

Toutefois, la lune de miel ne durera pas longtemps. La réforme du marché du travail français a contribué à mettre fin à sa sacralisation. Très en colère contre cette nouvelle mesure qui donnait plus de pouvoirs aux employeurs, les syndicats s’attaqent à lui. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise, parlera plus tard de « coup d’Etat social ».

C’est à partir de ce moment que Macron commence à dévisser dans les sondages. De plus de 65% en mai, il est passé à moins de 45% de soutien en avril 2018. En Février 2018, il chute de 6 points en un mois en raison de l’effet de CSG (contribution sociale généralisée) qui avait suscité une grosse colère des retraités français.

Le 26 février, la lune de miel prend fin définitivement et Macron fait face à une contestation sociale qui risque sérieusement de lui coûter un second mandat présidentiel. En effet, à cette date, son premier ministre, Edouard Philippe, annonce en direct à la télévision une mesure qui bouleversera la classe ouvrière : la fin du statut des cheminots.

« Le  statut à la SNCF est particulièrement rigide. Or, le monde change. La SNCF doit changer aussi. Face à ses concurrents, la SNCF ne peut rester la seule à recruter au statut. Donc, aux nouvelles générations, aux apprentis, à tous ceux qui veulent s’engager dans la SNCF, nous disons qu’ils bénéficieront des conditions de travail de tous les Français, celles du travail. A l’avenir, à une date qui sera soumise à une concertation, il n’y aura plus de recrutement au statut », avait déclaré Edouard Philippe.

Une mesure qui provoquera un bras de fer sans précédent entre Macron et les syndicats qui, depuis l’annonce de la fin des statuts, perturbent fortement le trafic sur le réseau ferroviaire. Et dans la classe politique, à gauche comme à droite, les réactions ont été légion ces dernières semaines. Mais, l’Exécutif ne lâche. Le gouvernement, en dépit des pressions de l’opposition qui dénonce une privatisation de la SNCF, promet d’ « aller jusqu’au bout ».

Aujourd’hui, la grogne populaire a presque atteint son paroxysme. La situation est d’autant plus grave qu’elle s’étend dans les universités. Les facs de Tolbiac, Montpellier et de Nantes ont été bloquées ces derniers jours. Et ce mercredi 18 avril 2018, Science Po Paris, prestigieuse école qui a formé une bonne partie de l’élite française dont Macron, a aussi été bloquée par des élèves qui, sur une de leur pancarte, ont dénoncé « la fabrique à élites ».

Face à cette crise, les analystes politiques les plus pessimistes évoquent une situation semblable à mai 1968. Pourtant, malgré toutes ces difficultés auxquelles il fait face, Macron reste toujours le chouchou des médias libéraux internationaux qui craignent que sa chute ne marque la  fin de l’Europe. Ce mardi 17 avril, CNN titrait : « Macron a fait de la France la détentrice du pouvoir en Europe ». Mais, ces louanges risquent d’avoir très peu d’impact sur la politique nationale du président français.

La situation à laquelle nous assistons tous aujourd’hui m’oblige à me poser la question : Macron tiendra-t-il longtemps ? Je veux bien y croire et lui accorder une chance de finir son premier mandat et d’en briguer un second contre vents et marées. Néanmoins, tout laisse à croire que Macron est fini. Je pense (et ceci n’engage que moi) que l’actuel locataire de l’Elysée est un président par défaut.  Sauf miracle, je ne crois sérieusement pas à sa réélection en 2022.

Edito signé : Cheikh Tidiane DIENG, fondateur et rédacteur en chef du site d’information www.lecourrier-du-soir.com

Email : cheikhdieng05@gmail.com