L’avenir des journalistes sénégalais : « devenir soit une pute, soit un chômeur »

(Analyse de Cheikh DIENG basé en France)

Le bal des arrivistes. Ce jeudi, nombreux ont été les sénégalais qui ont été cueillis à froid par l’hyper promotion d’un très célèbre animateur de la 2STV. Ce dernier, connu pour son goût à la polémique, va faire office de conseiller spécial à Macky Sall, président de la République du Sénégal. La nouvelle, annoncée dans la presse et confirmée par des proches du sieur en question, a fait rire plus d’un. Heureusement d’ailleurs !

Dans un contexte politique très tendu, de telles nouvelles pouvant divertir peuvent parfois faire du bien. En effet, elles constituent une sorte de psychothérapie dans des moments difficiles. Mais, au-delà du caractère sarcastique de telles nouvelles, il y a une question fondamentale qui doit être posée : quel rôle doivent jouer les journalistes dans la consolidation d’une démocratie moribonde ?

Je me garderai de toute attaque personnelle, raison pour laquelle j’ai fait exprès de ne pas citer le nom de ce soi-disant journaliste. Je pense que chacun a le droit de soutenir qui il veut. La trahison dans le milieu de la presse n’est pas un fait nouveau. Un journaliste, comme disait l’autre, c’est soit une pute, soit un chômeur.

Cependant, j’éprouve quand même beaucoup de gêne à voir des donneurs de leçons s’agripper à un pouvoir qui ne tient plus qu’à un fil. C’est d’ailleurs tout le problème du journalisme africain. La presse ne nourrissant plus son homme, certains journalistes sont obligés de manger à tous les râteliers.

Et cela pose un sérieux problème, à fois déontologique mais surtout moral. Nul n’ignore les difficultés quotidiennes auxquelles sont confrontés les citoyens sénégalais. Le chômage bat des records, la jeunesse est désœuvrée et brave les océans à la recherche d’une vie meilleure en Occident.

Les politiciens ont carrément montré leurs limites. A part se remplir les poches et vivre de nos deniers publics, ils ne sont plus bon à rien. La justice, n’en parlons pas. Elle est devenue un instrument de l’Exécutif pour clouer au pilori tout opposant jugé potentiellement menaçant pour le président.

Dans des conditions pareilles, les journalistes, qui côtoient le pouvoir et qui sont souvent mieux informés que le reste de la population sur des scandales au plus haut sommet de l’Etat, devraient jouer leur rôle. Nous n’attendons pas d’eux qu’ils changent le destin des sénégalais, mais qu’ils informent objectivement et dénoncent courageusement les tares de notre société : détournement de fonds publics, népotisme, une justice à deux vitesses…pour ne citer que cela.

Hélas, au pays de Lat Dior Diop, d’Alioune Sitoe Diatta, de Cheikh Ahmadou Bamba, de El Hadj Malick Sy…les valeurs humaines et morales, qui ont toujours constitué le socle du vivre-ensemble, sont en voie de disparition. Dans le milieu de la presse  sénégalaise, de nombreux journalistes ont préféré monnayer leur noble métier de lanceur d’alerte pour quelques sous.

C’est triste. Conseillers spéciaux auprès du Président, ministres de l’Information, ministres conseillers, ministres adjoints…ils ne refusent aucun poste de responsabilité qui leur permet de garder le quotidien. Aujourd’hui, ils ne s’en cachent plus. Ils se délectent ouvertement d’avoir pris part au partage du gâteau au détriment du reste de la population.

Je ne voudrais en aucune manière m’ériger en donneur de leçon. Cependant, j’éprouve une profonde gêne quand je vois ce qu’est devenu le journaliste sénégalais. Un type qui parle mal, qui s’exprime très mal, qui diffame, qui calomnie, qui n’hésite pas à recourir aux mensonges les plus abjects pour se faire un nom et accéder à un meilleur statut social.

Combien de journalistes fourbes et malhonnêtes (intellectuellement) ont été enrôlés dans le gouvernement Macky Sall ? Ils sont des dizaines à s’être débarrassés de leurs valeurs humaines et morales pour une vie en or. Tel est, malheureusement, le constat amer qui choque plus d’un.

Les journalistes sénégalais auraient été plus utiles en rendant service à la nation, quitte à perdre quelques privilèges. Mais, ils ne feront pas.  Certains d’entre eux, qui sont tous sauf des patriotes, ont tout bonnement choisi de devenir des putes.

Edito signé : Cheikh DIENG, fondateur et rédacteur en chef du site d’information www.lecourrier-du-soir.com, basé à Paris

Email : cheikhdieng05@gmail.com