Terrible nouvelle pour Macron : le Sénat saisit le parquet pour suspicion de faux témoignage du cabinet McKinsey

D’après Public Sénat, le bureau du Sénat, réuni ce 18 mai, a saisi le parquet pour suspicion de faux témoignage de McKinsey devant la Commission d’enquête

Le Sénat ne lâche rien. Plus d’un mois après avoir révélé les sommes faramineuses touchées par les cabinets de conseil, l’institution a, une nouvelle fois, décidé d’enclencher une bataille judiciaire contre l’un des plus influents cabinets  de conseil (McKinsey) pour suspicion de faux témoignage.

C’est du moins l’information que Lecourrier-du-soir.com a obtenue du site d’information PublicSénat.fr, exclusivement dédiée à informer les citoyens sur les activités de l’institution. En effet, d’après cette source, le bureau du Sénat a saisi le parquet pour suspicion de faux témoignage devant la commission d’enquête.

« Le Bureau du Sénat, réuni ce 18 mai, a décidé de saisir le parquet des déclarations du directeur associé de McKinsey devant la commission d’enquête sur l’influence croissante des cabinets de conseil sur les politiques publiques, pour suspicion de faux témoignage concernant la situation fiscale en France de son entreprise (relire notre article). Selon le Sénat, ‘il appartiendra au parquet de déterminer les suites judiciaires à donner, dans le respect du principe de séparation des pouvoirs' », renseigne la source.

Dans l’article de Public Sénat lu par notre rédaction, le témoignage d’un homme dérange. Il s’agit de Karim Tadjeddine, cadre chez McKinsey, qui, à la date du 18 janvier 2022, affirmait que son cabinet de conseil payait ses impôts en France. « Je le dis très nettement : nous payons l’impôt sur les sociétés en France et l’ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France », déclarait-il.

Une déclaration remise en cause, le 17 mars dernier, par Arnaud Bazin, président LR de la commission d’enquête. « Nous avons été choqués du fait que Monsieur Tadjeddine nous dise : ‘nous payons l’impôt sur les sociétés en France’, et lorsque l’on regarde sur les dix dernières années, cet impôt est à zéro, parce que le résultat fiscal est systématiquement négatif », s’indigne Bazin.

Le Sénat serait trop naïf de crier victoire. Car, d’après les infirmations fournies par Public Sénat, Arnaud Bazin avait déjà saisi, à la date du 25 mars, le procureur de la République, mais « la demande n’a pas été recevable dans sa forme ». « La procureure a considéré que puisque la commission n’existait plus, elle ne pouvait pas aller au bout de cette saisine. Le Bureau du Sénat a fait le choix de s’en saisir », a expliqué Éliane Assassi, sénatrice PCF, citée par Public Sénat.

Il convient de rappeler que l’affaire McKinsey avait déclenché une vive polémique en France à la veille des élections présidentielles. En effet, dans un rapport du Sénat qui avait eu un écho retentissant, l’institution y dévoilait les montants colossaux touchés par des cabinets tels que McKinsey pour conseiller le gouvernement dans des domaines liés à la santé, à l’éducation ou autres.

Ainsi, dans ce rapport consulté par Lecourrier-du-soir.com, le Sénat avait fait état de plus de 1 milliard d’euros déboursés par l’Etat rien qu’en 2021 pour 945 missions. Des dépenses multipliées par 2,36 depuis 2018, avec une facturation d’un consultant évaluée à 2 168 euros par heure.

Dans ledit rapport consulté par notre média, on y apprend : “les consultants interviennent sur des pans entiers des politiques publiques. L’Etat et ses opérateurs ont dépensé au moins un milliard d’euros en cabinets de conseil en 2021 : 894 millions pour les ministères et au moins 172 millions pour les opérateurs”.

Et le rapport poursuit : “idem pour les dépenses de conseil les plus stratégiques des ministères : le conseil en stratégie et organisation a été multiplié par 3,7 depuis 2018; le conseil en stratégie des systèmes d’information a été multiplié par 5,8 depuis 2018”. Les 5 ministères qui concentrent les dépenses les plus stratégiques sont : Intérieur, Bercy, Armées, Transition écologique et ministères sociaux.

Dans son rapport largement repris dans la presse, le Sénat détaille la somme encaissée par un cabinet de conseil pour une journée de consultation. Elle s’élève à 1 500 euros. Et dans certains cas, cette facture peut être plus onéreuse. Par exemple, une journée de consultée est facturée à hauteur de 3 069 euros chez Roland Berger sur la dématérialisation des permis de conduire. Chez le géant McKinsey, une journée de travail sur l’avenir du métier d’enseignant a été facturée à hauteur de 3 312 euros.

L’affaire avait déclenché une vive polémique en France et provoqué le courroux des magistrats, lesquels, dans une tribune, avaient exigé du parquet qu’il déclenche une enquête. « Si les autorités judiciaires ont été saisies en application de l’article 40 du Code de procédure pénale selon le communiqué du Sénat, du faux témoignage du directeur de McKinsey, les faits portés à la connaissance du public par ce rapport sont susceptibles de révéler d’autres infractions pénales d’une gravité bien supérieure, et légitiment à tout le moins le déclenchement d’une enquête préliminaire », martèlent les signataires de la tribune.

Et de poursuivre : « ces faits concernent tout un système susceptible de mettre en cause les plus hautes instances de l’État : les ministres placés à la direction d’administrations centrales, ordonnateurs des deniers publics ayant engagé des dépenses au nom de l’État, et selon des procédures de marchés publics dont il appartient à la justice d’en vérifier la régularité. Il serait anormal que le parquet ne déclenche pas une enquête et des investigations sur ce qui pourrait être un véritable scandale d’État. Nous osons espérer que cette enquête qui sera à charge et à décharge, aura lieu à court terme. »