(Analyse du journaliste, Cheikh DIENG)
La guerre entre média et peuple a-t-elle atteint son apogée ? Depuis la première manifestation des Gilets Jaunes, en novembre 2018, la haine du pouvoir a, semble-t-il, changé de camp. En effet, il y a un mois et demi, le gouvernement Macron, symbole d’une oligarchie financière mise en place par Bruxelles pour achever les Français (comme l’ont pu dire de nombreux manifestants en colère), était la bête à abattre.
Pourtant, tout d’un coup, dans le collimateur des manifestants en colère, on retrouve une cible privilégiée : les médias. J’avais souligné, dans une analyse publiée ce 8 janvier, la rupture totale entre média et peuple. Après avoir condamné les actes de violence dont ont été victimes de nombreux journalistes dans l’exercice de leur fonction, j’avais aussi pointé du doigt la responsabilité des médias dans la situation à laquelle nous assistons.
En effet, il faut bien reconnaître que les médias qui auraient dû exercer pleinement et librement leur mission d’informer de manière objective n’ont pas été impartiaux dans la crise des Gilets Jaunes. Il faut être de très mauvaise foi pour ne pas voir un traitement médiatique (très défavorable aux Gilets Jaunes) mis en place depuis l’acte 3 pour tuer le mouvement.
Depuis cet acte 3, tout a changé. Les médias, détenus par des richissimes hommes d’affaires qui ne veulent surtout pas perdre leurs privilèges et qui n’ont aucun intérêt à ce que la crise perdure, n’ont cessé de diaboliser les manifestants. Dans la presse, si les Gilets Jaunes ne sont pas qualifiés de « casseurs », ils sont qualifiés de « violents », de « fachos » ou encore d’ « antisémites »
Je ne nie absolument pas la présence de groupuscules extrêmement violents qui ont infiltré le mouvement dès le début. Ces derniers se sont manifestés par des actes abjects et inhumains qui ont porté un coup dur à ce mouvement. Néanmoins, il ne faut pas non plus nier que dans la presse, on a eu plutôt tendance à généraliser. Il y a certes eu des éléments dangereux déguisés en Gilets Jaunes, mais en aucun moment, ils n’ont représenté une partie importante de ce mouvement.
Je tiens à souligner que les médias ont aussi largement participé à « tuer » les dirigeants Gilets Jaunes qu’ils ont accusés (à tort ou à raison) d’être des extrémistes, proches du Rassemblement National ou de la France Insoumise. Les dirigeants accusés ont toujours nié tout lien avec des groupuscules d’extrême-droite ou d’extrême-gauche, n’empêche leur image n’a jamais cessé d’être ternie dans la presse.
Je regrette que les médias, depuis deux mois et demi, se soient lancés dans une véritable entreprise de propagande anti-Gilet Jaune avec l’unique objectif de briser un mouvement auquel s’identifie des millions de Français. L’éthique et la déontologie, chères aux journalistes, a cédé la place ces derniers mois à une propagande mensongère.
Je dénonce avec la plus grande fermeté cette attaque qui a visé les locaux de France Bleu Isère. Toutefois, j’invite les organes de presse à mener une réflexion profonde sur cette haine des médias qui va grandissant.
Si le peuple se retourne brusquement contre sa presse, c’est que quelque part, ceux qui sont chargés d’informer (le peuple) ont failli à leur mission. Chers journalistes, il n’ya pas de remède miracle. Vous tenez la solution entre les mains. Il suffit tout simplement de se remettre en question afin d’éviter que cette situation ne dégénère.