Je n’ai désormais aucun doute que l’extrême-droite arrivera au pouvoir un jour en France. Et ce scénario arriverait à se produire, que personne n’insulte les Français en les traitant de racistes et de xénophobes. Il faudra surtout jeter la responsabilité sur le dos de tous les gouvernements qui ont eu à diriger ce pays ces dix dernières années.
A la fin de son premier mandat en 2012, dans l’optique d’en briguer un second, Sarkozy n’avait pas hésité à faire un clin d’œil au Front National en approuvant la circulaire Guéant (du nom de Claude Guéant, ex ministre de l’Intérieur) qui avait pour but d’expulser du pays des centaines de diplômés africains et maghrébins qui, pourtant, avaient déjà signé un CDI et exerçaient leur métier dans des entreprises dans lesquelles leur compétence n’avait jamais été remise en question.
En 2016, à la fin de son mandat, le gouvernement Hollande avait aussi fait un clin d’œil à l’extrême-droite en proposant une mesure qui avait fortement divisé la classe politique française : la déchéance de nationalité dont le but consistait à expulser de la France vers leur pays d’origine tout citoyen reconnu coupable des faits liés au terrorisme.
Trois ans plus tard, l’histoire semble se répéter. En pleine crise des Gilets Jaunes, alors que l’Exécutif est de plus en plus isolé et que la France est plongée dans une crise sociale qui gagne du terrain, Emmanuel Macron s’inscrit dans le même sillage que ses prédécesseurs en utilisant des sujets très chers au Rassemblement National dans l’unique but de voler quelques voix à une extrême-droite de plus en plus opposée à l’immigration et à l’Islam.
En effet, moins d’un mois après les propos irresponsables de Christophe Castaner sur la radicalisation (en mettant tous les musulmans barbus dans le même panier que les fondamentalistes religieux qui sont les premiers ennemis des musulmans modérés), la question du voile a été brandie par l’Exécutif comme moyen de tranquilliser une droite réactionnaire qui voit en la présence de femmes voilées en France une menace à ce pays. Le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer a, lui-même, fait savoir que le port du voile n’est pas souhaitable défendant ainsi sa vision de l’émancipation de la femme.
Après l’Islam, l’immigration économique. En effet, le gouvernement, obnubilé par la présidentielle 2022, envisage de fixer des quotas sur l’immigration économique dès l’été 2020. N’est-ce pas ce même gouvernement qui avait refusé lors du Grand Débat d’aborder la question de l’immigration sur laquelle beaucoup de Français l’attendaient d’ailleurs ? Pourquoi vouloir relancer ce sujet en tapant sur des migrants économiques diplômés et qui représentent une chance pour ce pays ? Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, a confirmé cette mesure du gouvernement et dit qu’elle en fera une priorité.
Attendre la fin de son premier mandat pour diviser les Français sur la question de l’Islam en feignant de détenir la solution miracle pour faire face à l’islamisme radical et ensuite taper sur les migrants économiques qui, qu’on le veuille ou pas, ont largement contribué au développement de la France, c’est de l’électoralisme pur et simple. Ce clin d’œil à l’extrême-droite est une insulte à tous ceux qui avaient voté Macron en 2017 pour justement éviter d’en arriver là.