Macron est-il en train de déclarer une guerre à la liberté d’expression ? Ce n’est qu’une simple question posée dans un contexte où on a le sentiment que les informations, de plus en plus compromettantes sur un gouvernement fragilisé, dérangent le plus jeune président de la Vème République.
Ce mercredi, c’est Cédric O, secrétaire d’Etat au numérique, qui a défrayé la chronique. En effet, dans une interview accordée à l’agence de presse AFP et largement reprise par les médias, il a communiqué la volonté du gouvernement d’imposer aux journalistes un « Conseil d’Ordre des journalistes ».
« Je considère qu’il doit y avoir un Conseil d’ordre des journalistes, des journalistes entre eux, qui prennent des décisions et qui disent à l’Etat : ‘vous devez retirer l’agrément de tel ou tel ‘canard’, mettre des avertissements’ », dit Cédric O. Dans l’interview, le secrétaire d’Etat évoque la menace à la démocratie et cible principalement des médias russes de plus en plus influents en France.
Face à cette menace, le gouvernement prévient : si les journalistes ne mettent pas ce Conseil d’ordres des journalistes, il le fera. « Moi, je considère qu’il y a un risque monstrueux. Et donc, il y a une obligation de résultats de la société. C’est aux journalistes de le faire, ce n’est pas à l’Etat de le faire. S’ils ne le font pas, ce sera l’Etat qui le fera, au bout du bout », menace-t-il.
Dans l’interview, Cédric O souligne un point très intéressant : la lutte contre les Fake News. Il juge utile de créer un Conseil d’ordre des journalistes afin de lutter contre la propagation de fausses informations en France. Pour cela, le CSA ou une autorité indépendante se chargeront de décider ce qu’est une infox ou pas. Autrement dit, une poignée d’individus nous dictera les informations à lire et celles dont on devra se méfier comme si nous étions des enfants d’un « Nanny State » (Etat-nounou).
La décision du gouvernement de créer un Conseil d’ordre des journalistes est d’autant plus absurde qu’Emmanuel Macron l’avait vertement critiquée en 2017 avant son élection lorsque l’idée avait été évoquée par Marine Le Pen. « Je vois le projet qui a été ébruité d’un ordre des journalistes, qui est une pratique intéressante que je vous recommande. Mais moi, depuis l’Italie des années 30, je n’avais pas vraiment croisé ça », réagissait Macron.
L’autre détail très important souligné par la presse ces dernières heures est que Facebook a désormais décidé de livrer aux autorités françaises les adresses IP des profils accusés de répandre des contenus haineux sur sa plateforme. Une mesure, jusqu’ici, sans précédent.
Je suis d’avis que toute personne propageant des messages haineux doit être sévèrement punie par la justice. Mais, encore faudrait-il qu’on nous explique ce qu’est un message haineux. Est-ce soutenir les Gilets Jaunes dans leur noble combat pour une justice sociale pour tous? ou dénoncer la violence policière ? ou dénoncer la politique de l’Etat d’Israël en Palestine ? ou dénoncer le pillage des richesses d’Afrique par des multinationales occidentales ? ou tout simplement critiquer la politique du gouvernement?
Pour l’instant, nous baignons dans le flou total pendant que l’Exécutif peaufine sa stratégie pour museler tout dissident antisystème.
La liberté d’expression est en train d’être attaquée en France.