Entre Macron et Hulot, rien ne va plus. Le Ceta, accord de libre-échange entre l’UE et le Canada, les oppose frontalement
Entre Emmanuel Macron et Nicolas Hulot, rien ne va plus. Et les relations entre les deux ex collaborateurs risquent de se détériorer sérieusement dans un futur proche. En effet, Macron et son ex ministre de l’Ecologie ont des avis diamétralement opposés sur le Ceta, cet accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Canada.
Signé le 30 octobre 2016 à Bruxelles, ratifié le 15 février 2017 et mis en vigueur depuis le 21 septembre 2017, le Ceta divise profondément la classe politique française. Et pas que. Elle a aussi créé un véritable bras de fer entre écologistes et Exécutif. Les éleveurs redoutent en effet une concurrence déloyale car il faut aussi savoir que le Ceta supprime les droits de douane sur 98% des produits échangés entre les deux zones et élargit certains services à la concurrence.
D’autres craignent de voir débarquer des tonnes de viandes nord-américaines sur les étals français. Et d’autres craignent une dégradation de la qualité des produits car le traité ne contraint pas les entreprises à s’assurer que les produits commercialisés sont inoffensifs pour la santé.
« Pourquoi donner aux lobbys un bélier avec le Ceta ? »
Si le Ceta n’est certes pas à rejeter dans son ensemble, il est évident qu’il pose un certain nombre de problèmes qui doivent être résolus avant de passer à sa ratification définitive par 38 assemblées nationales et régionales de l’Union Européenne. Ce sont ces points obscurs non encore élucidés qui ont créé une guerre des mots entre Macron et Hulot.
Dans une tribune publiée dans la presse ces dernières heures, Nicolas Hulot n’a pas caché son désaccord avec le Ceta. « Quant tous les lobbys essayent déjà d’enfoncer la porte, pourquoi leur donner un bélier avec le Ceta ? Demain, ces firmes qui ont toutes les filiales au Canada pourront menacer de recourir directement à l’arbitrage », s’indigne-t-il.
« Parce que les Canadiens sont nos amis ? »
Quand il parle d’arbitrage, il fait surtout référence aux « tribunaux arbitraux », ces juridictions qui pourront être saisies par une firme afin de demander réparation à un Etat qui aurait pris une réglementation contraire à ses intérêts. Hulot d’ajouter : « Mais pourquoi alors et pour qui ratifier le Ceta ? Pourquoi maintenant ? Pas pour notre santé, pas pour nos agriculteurs ni pour le climat, on l’aura compris ».
Dans sa tribune, le message de Hulot adressé à Macron est très fort. « Parce que les Canadiens sont nos amis ? S’ils le sont vraiment, pourquoi ne pas renégocier cet accord politiquement avec eux pour en supprimer les risques indispensables ? Ces accords de nouvelle génération sont loin du commerce comme facteur de concorde entre les peuples », écrit-il.
« Macron réplique »
Des critiques acerbes qui ne passent pas inaperçues. La réplique de Macron n’aura pas tardé. « J’ai aussi un sens de responsabilités (…). Quand on s’est battu pour améliorer un texte (…), on ne peut pas dire quelques mois plus tard le contraire. Ou il fallait le dire quand on était en responsabilité », a répondu le président de la république.
En attendant la ratification de cet accord prévu ce 23 juillet, le torchon brûle déjà entre Macron et Hulot, deux ex collaborateurs qui se sont séparés en août 2018 et qui devront à l’avenir s’opposer frontalement sur plusieurs sujets sur lesquels leurs opinions sont totalement en opposition.