Si Macron peine à convaincre sur le plan national, force est de reconnaître qu’en politique internationale, sa politique est très séduisante. En effet, nous avons appris à travers la presse que Jawad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères, a effectué une visite surprise en France ce dimanche pour assister au sommet du G7 de Biarritz sur invitation d’Emmanuel Macron.
Il y a pourtant deux semaines, personne ne pouvait imaginer qu’un tel scénario se produise. L’Iran, en guerre diplomatique contre les Etats-Unis depuis le retrait de l’accord nucléaire en 2018 et accusé par Israël de vouloir déstabiliser le Moyen-Orient en se rangeant du côté des dictateurs tels que Bachar Al-Assad, a été ostracisé.
Tout comme la Russie, il a été la cible d’une dictature de la pensée qui consiste à nous décrire la République Islamique comme une tyrannie théocratique avec laquelle il ne faut surtout pas coopérer. Malgré ces accusations très souvent infondées, Macron a pris le grand risque d’inviter le chef de la diplomatie iranienne dans un sommet qui, ces dernières années, s’est transformé en une sorte de conciliabule entre puissances occidentales.
J’avais salué le geste très fort de Macron de recevoir Vladimir Poutine ce 19 août en France au fort de Brégançon. N’en déplaise à certains, la Russie n’est pas un ennemi et ne peut être perçue comme tel. Dans un contexte géopolitique extrêmement complexe au Moyen-Orient, en Afrique et même en Occident, l’Occident a tout intérêt à tendre la main à la Russie afin de faire face aux défis à venir : terrorisme, immigration, conflit en Ukraine, la stabilité politique en Europe de l’est…
Je reste toujours dans cette même logique et je soutiens que pour la survie de l’Occident, il est tout à fait raisonnable de maintenir des relations de confiance avec l’Iran. L’Iran est une puissance étrangère dont l’aire géographique se trouve dans un milieu hostile où les enjeux géopolitiques sont de taille et où les risques de conflit existent.
Cependant, depuis plusieurs décennies, il y a une certaine doxa en Occident qui veut que l’Iran soit perçu comme un ennemi qu’il faut abattre par tous les moyens. Je ne voudrais surtout pas m’ériger en défenseur de la République Islamique. A l’instar de tous les pays du monde, l’Iran a aussi ses défauts. Mais, en aucun cas, il ne représente une menace pour l’Occident car en réalité, il n’aucun intérêt à le faire.
A l’instar de tous les pays du monde, il a des intérêts à défendre. Cela n’a jamais gêné personne que les Etats-Unis entretiennent des relations diplomatiques très fortes avec l’Arabie Saoudite, un pays qui vient de tuer sauvagement et dans un consulat, un journaliste (Jamal Khashoggi) qui n’a fait que dénoncer un régime saoudien despotique. Cette même Arabie Saoudite est aujourd’hui en train de nouer des alliances avec Israël.
Macron doit à tout prix prendre le contre-pied de Trump qui, depuis son arrivée à la Maison Blanche, a adopté une ligne très dure envers l’Iran allant jusqu’à déclarer que la Garde Révolutionnaire Iranienne est une organisation terroriste. La ligne de Trump est un désastre total dont Macron doit se départir.
L’Iran, contrairement à ce que la presse occidentale veut nous faire gober, ne fait que défendre son régime, ses intérêts, tel que le font la France, les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite ou d’autres pays du monde. Donc, à mon avis, la présence de la République Islamique dans ce sommet de Biarritz a tout son sens.
C’est ce qu’a fait Emmanuel Macron qui, cette fois-ci, n’en déplaise à ses détracteurs, a été excellent. En une semaine, Macron a tendu la main à deux régimes avec lesquels l’Occident devrait nouer des liens très solides : la Russie et l’Iran. Ces deux pays ne sont pas nos ennemis. Ils sont nos alliés dans un monde de plus de plus difficile.
En politique intérieure, Macron peine à convaincre. Mais, en politique internationale, il s’en sort très bien.