La presse internationale s’est moquée du rejet de Sylvie Goulard, candidate de Macron au poste de commissaire européen. Si en France, l’Exécutif tente de minimiser le choc, pour les médias européens, c’est une humiliation et un coup dur pour Emmanuel Macron
« Défaite », « Humiliation », « gifle ». Les mots n’ont pas manqué ce jeudi pour décrire le rejet de Sylvie Goulard, candidate proposée par Emmanuel Macron pour le poste de commissaire européen. Ce rejet, perçu comme une sévère punition infligée à Macron, a fait réagir le président de la République.
Gêné par le rejet de sa candidate, le président français demande des explications. « J’ai besoin de comprendre ce qui s’est joué, de ressentiment, peut-être de petitesse. Mais, j’ai besoin de comprendre. Moi, ce qui m’importe, c’est la clarté du portefeuille (…). Je me suis battu pour un portefeuille, j’ai soumis trois noms, on m’a dit : ‘votre nom est formidable, on le prend’ et puis à la fin, on me dit : ‘non, finalement, on n’en veut plus’. Les mêmes. Donc, il faut qu’on m’explique », a réagi Macron ce jeudi très en colère.
« C’est une défaite pour l’Europe »
Le rejet de la candidate de Macron a plongé l’Exécutif dans une crise profonde. La nouvelle a été un coup de massue pour le gouvernement. Ce vendredi, sur le plateau de CNews, Gilles Le Gendre, président du groupe LREM, a tenté de minimiser le coup en refusant catégoriquement le terme « humiliation » utilisée par la presse internationale.
« Ça n’est pas une humiliation pour le président, ça n’est même pas une défaite. C’est une défaite pour l’Europe. Les mêmes partis qui ont bloqué la nomination de Sylvie Goulard sont les mêmes qui bloquent l’Europe depuis 20 ans et qui donnent donc crédit à ce qui est notre stratégie et notamment la stratégie du président de la République depuis qu’il est candidat à la présidence : réformer en profondeur l’Europe », s’est insurgé Le Gendre, ajoutant que Macron poursuivra ses efforts pour « remettre l’Europe sur les bons rails ».
« La presse internationale se moque de Macron »
Dans la presse internationale, le rejet de Sylvie Goulard a suscité un intérêt particulier. « Le parlement européen humilie Macron en rejetant sa candidate à la Commission », a titré ce jeudi le média espagnol, El Pais. Dans son article, le média espagnol parle d’un « coup dur » assené à Emmanuel Macron.
Pour le journal El Mundo, Emmanuel Macron a reçu une « gifle ». « Le Parlement Europe écrase Sylvie Goulard et inflige une gifle à Emmanuel Macron », a-t-il titré ce jeudi. « Il y a eu de nombreux candidats rejetés dans le passé, mais le symbolisme que ce soit une candidate élue par Macron, le grand vainqueur dans la distribution de postes communautaires l’été dernier, es très fort », explique le média espagnol.
Le rejet de la candidate de Macron a aussi attiré l’attention de la presse britannique. Ce jeudi, le média anglais, The Times a parlé d’un « coup dur » assené à Macron. « Macron a subi un revers après le rejet de sa candidate par les députés européens. (…) La défaite (de Sylvie Goulard) est coup dur pour Macron qui cherche à asseoir ses idées pro-européennes », a commenté The Times.
Pour The Telegraph, le rejet de Sylvie Goulard est une humiliation pour Macron. « Le Parlement européen s’est vengé d’Emmanuel Macron en rejetant sa candidate pour le poste de commissaire européen », a titré The Telegrah dans un article publié sur son site ce jeudi 10 octobre.
Pour rappel, Sylvie Goulard est sous le coup de deux enquêtes (de la justice française et de l’Office Européen de lutte anti-fraude) concernant l’affaire des emplois présumés fictifs des députés MoDem. Cette affaire avait entraîné sa démission du gouvernement d’Edouard Philippe en 2017. Sylvie Goulard avait déjà été auditionnée ce 2 octobre par le Parlement Européen. Ce 10 octobre, elle jouait sa dernière chance.