Tous les moyens doivent être déployés pour éviter à tout prix la chute de Netanyahou, ce qui serait non seulement un coup dur pour Bibi (Netanyahou) mais aussi pour l’administration Trump qui n’a qu’un seul interlocuteur au Moyen-Orient : le Likoud. Et Trump et son administration veulent à tout prix éviter que la chute de Netanyahou se produise.
Les faits nous le confirment. Ce 18 novembre, les Etats-Unis ont annoncé une décision qui a cueilli à froid la communauté internationale, jugeant légale la colonisation juive en Cisjordanie et allant à l’encontre de l’administration Obama qui s’y était opposée avant le départ du premier président noir de la Maison Blanche.
Au Département d’Etat américain, dans une conférence de presse tenue ce lundi, les propos de Mike Pompeo, secrétaire d’Etat américain, ont été sans ambages. « La colonisation juive en Cisjordanie n’est pas en soi contraire au droit international. (…) Qualifier la colonisation juive de contraire au droit international n’a pas marché », a-t-il martelé, offrant une première victoire, certes symbolique, mais ô combien importante pour Netanyahou dont la continuité à la tête d’Israël est plus que jamais hypothétique.
Comment expliquer ce revirement dans la position américaine ? Cette décision est en parfaite cohérence avec la politique de Trump au Moyen-Orient. Le 45ème président des Etats-Unis est un pro-Israélien invétéré et les décisions prises dans le conflit israélo-palestinien depuis fin 2016, date à laquelle il est arrivé au pouvoir le confirment : reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, retrait des Etats-Unis de l’accord nucléaire iranien signé en 2015 et très contesté par Israël et transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem.
Toutefois, la décision annoncée ce lundi qui consiste, pour les Etats-Unis, à déclarer légale la colonisation juive en Cisjordanie est une corde de sauvetage lancée à Netanyahou, à bord de la mort politique. Et je m’explique. En effet, il y a deux jours, la presse israélienne évoquait la grosse colère et déception de Trump vis-à-vis de son allié, Netanyahou.
Pourquoi ? Parce que Trump et son administration, dans leur volonté de résoudre le conflit israélo-palestinien, ont déjà fini de mettre en place leur feuille de route pour une sortie de crise appelée en anglais « The Deal of The Century ». Cependant, pour que cette feuille puisse entrer en vigueur, il va falloir que Netanyahou soit sûr d’être encore premier ministre, ce qui, pour l’heure, est très peu probable.
Rappelons que depuis les dernières élections générales israéliennes, Benjamin Netanyahou s’est retrouvé dans une situation politique très complexe. Désormais, il ne peut plus gouverner seul et devra s’appuyer sur Benny Gantz (chef de file de Bleu et Blanc), sur Avigdor Lieberman (ex ministre de la Défense et désormais chef de file du parti Israël Beytenu).
Il convient aussi de souligner que le leader de Bleu et Blanc n’exclut pas de gouverner avec les Arabes dans ce nouveau gouvernement dont l’existence n’est pas encore certaine. Mais, Netanyahou ne veut surtout pas entendre parler de cette alliance avec les Arabes qu’il accuse d’ailleurs de « soutenir les organisations terroristes et de vouloir détruire Israël ».
Pour que Netanyahou puisse avoir des chances de gouverner, il a besoin du soutien de Liberman, un homme qui a toujours adopté une position extrêmement dure envers les Arabes. Gantz, chargé de former un gouvernement avant minuit de ce mercredi 20 novembre, aussi a besoin du soutien de Liberman qui tient aujourd’hui entre ses mains le destin d’Israël. S’il refuse de soutenir ni Bibi, ni Gantz, Israël se dirigera sans aucun doute vers une troisième élection.
Et les Etats-Unis ne veulent surtout pas une troisième élection (dangereuse pour Bibi). Cependant, ne pouvant pas s’immiscer dans la vie politique israélienne, ils tirent les ficelles depuis Washington. Sachant que l’homme de la situation (Liberman) est favorable à toute décision radicale, dont la colonisation juive en Cisjordanie, Trump et son administration lui ont fait un clin d’œil pour s’allier à Netanyahou, en approuvant l’annexion de la Judée-Samarie. Les conséquences de la décision sont désastreuses, mais cela peut servir à maintenir Netanyahou à la tête d’Israël, les Etats-Unis sont prêts à prendre des risques.
Netanyahou ne veut surtout pas entendre d’un gouvernement d’unité nationale. Les Etats-Unis non plus. L’actuel premier ministre israélien veut avoir les coudées franches pour mener à bout sa politique en toute liberté avec toujours, en toile de fond, la main de la toute-puissance américaine. Désormais, s’étant rendu compte que se rêve de gouverner tout seul est sur le point de mourir, il applique la politique de la terre brûlée, sabotant toute tentative d’aboutir à un gouvernement rotatoire et d’unité national dans lequel formeront partie des Arabes.
Aux Etats-Unis, on regarde tout ce chaos politique israélien avec beaucoup d’inquiétude. Et Trump est désormais conscient qu’il est sur le point de perdre un allié indispensable. La chute de Netanyahou serait un désastre pour la politique de Trump au Moyen-Orient et les Etats-Unis veulent tout faire pour sauver le soldat Bibi.
La décision d’approuver la colonisation juive en Cisjordanie doit être comprise ainsi. C’est une corde de sauvetage lancée à Netanyahou. S’il ne l’attrape pas, il est mort politiquement.