Jean-Paul Delevoye aggrave la crise et plonge Macron dans un scandale qui ne dit pas son nom. Nommé en septembre 2017 pour mener la réforme des retraites, l’ancien président du Conseil économique social et environnemental (CESE) avait fait la une des médias ces derniers jours.
Alors que la France est plongée dans une grève générale contre la réforme des retraites et que le gouvernement tente de négocier une sortie de crise avec les syndicats, tout tombe à l’eau lorsque dans la presse, il a été révélé que Delevoye, chargé de gérer l’un des dossiers les plus épineux du quinquennat, n’avait pas mentionné dans sa déclaration auprès de la Haute Autorité pour la Transparence de la vie Publique (HATVP) sa fonction d’administrateur dans un institut de formation dans les assurances. S’expliquant sur cette omission, le haut-commissaire aux retraites, avait minimisé en parlant d’ « oubli ».
Cependant, au fil du temps, d’autres révélations sont venues accabler l’homme sur qui reposait le plus sérieux dossier du gouvernement. En effet, à la surprise générale, on apprend que le haut-commissaire aux réformes avait oublié de déclarer 13 mandats. En effet dans les cinq ans ayant précédé son mandat, il avait exercé 13 fonctions dont 11 bénévoles qui n’avaient pas été dévoilées jusque-là. Pire, on apprend que ses deux activités rémunérées avaient été déclarées mais avec un niveau de revenu en deçà de la réalité.
Ainsi, dans sa fonction de président d’honneur du Think-Thank Parallaxe, il avait perçu 73 338 euros net en 2018 et 62 216 euros net en 2019. Pourtant, dans sa déclaration, il a tout simplement mentionné 64 420 euros net en 2018 et 2019. Pour le poste de Conseiller délégué du groupe d’enseignement supérieur privé IGS, là également il y a des couacs. Le haut-commissaire aux retraites avait déclaré avoir gagné 40 000 euros net alors qu’en réalité, il aurait gagné 78 408 euros net en 2017.
Les révélations ont été légion. Cependant, ce qu’il convient de souligner est le coup dur que cette démission va avoir sur la politique de Macron dont le gouvernement avait déjà été très fragilisé par l’affaire De Rugy en juillet 2019. Le coup est d’autant plus dur que Macron avait prôné juste après son élection une moralisation de la vie publique.
Pourtant, le gouvernement avait bien senti, en pleine crise, que le seul fait que son homme de confiance chargé de la réforme des retraites soit épinglé par HATVP pour omission était déjà très grave. Mais, il avait voulu reserrer les rangs autour du désormais ex haut-commissaire aux retraites en qui Macron avait placé toute sa confiance.
Il y a quelques jours, Edouard Philippe, actuel premier ministre, assurait que la bonne foi de Develoye était totale. Pour Agnés Buzin, ministre des solidarités et de la santé, Jean-Paul Delevoye est un homme sincère. Mais, cette stratégie qui consistait à gagner la bataille de l’opinion s’est avérée inefficace. Delevoye a lui-même préféré rendre le tablier afin de ne pas envenimer une situation déjà délétère. En claquant la porte, l’ex haut-commissaire aux retraites a évoqué « une confiance fragilisée sous les coups d’attaques violentes et d’amalgames mensongers ».
Peu importe comment il interprète ses révélations. En tout cas, des preuves ont été apportées et, après avoir reconnu ses erreurs (ou omissions), il a lui-même en âme et conscience décidé de ne plus occuper ce poste. Il fallait assumer toutes ses responsabilités dans des circonstances pareilles et c’est exactement ce qu’il a fait.
Mais, une chose est sûre : en démissionnant de son poste de haut-commissaire aux retraites, dans un contexte politico-social extrêmement tendu et à quelques heures de la grande mobilisation du 17 décembre, Jean-Paul Delevoye a tiré une balle dans le pied d’un Exécutif déjà boiteux et très affaibli par une série de crises, malgré son immense volonté de réformer la France.
La démission de Delevoye est un coup de massue pour Emmanuel Macron et son gouvernement. Mais, nul ne reprochera à son ex haut-commissaire d’avoir agi de la sorte, ne serait-ce que pour sauver l’image du gouvernement. Quoi qu’il en soit, Macron a, une nouvelle fois, essuyé un revers cuisant car en effet Delevoye a fichu le champ en l’air.