En pleine crise sanitaire, l’Après-Corona est déjà sur toutes les lèvres. Le 11 mai, une grande partie de la France entamera une nouvelle vie et le gouvernement risque ne pas être en reste. En effet, au bout de trois ans de crises sociales très tendues, Macron devra changer de politique, ne serait-ce que pour apaiser les Français de plus en plus nombreux à désavouer sa gestion du pays.
Il faut que dire que dans cette politique macronienne, marquée par une série de mesures néolibérales extrêmement difficiles pour les Français, deux hommes ont été pointés du doigt : Edouard Philippe, actuel Premier ministre de la France et Christophe Castaner, actuel ministre français de l’Intérieur. Leur rôle a été déterminant dans la guerre qui a opposé Macron au peuple et leur image en a pris un sacré coup.
Philippe a dû cautionner les mesures politiques les plus impopulaires prises par Emmanuel Macron qui ont suscité des réactions extrêmement virulentes du peuple français. En 2018, la crise des Gilets Jaunes, née de la volonté de Macron et de son Premier ministre d’augmenter la taxe carbone, a failli renverser le pouvoir.
En décembre 2019, le pays entier a été paralysé pendant au moins quatre semaines par des mouvements syndicalistes qui n’ont pas digéré la réforme des retraites que l’Exercice avait voulu imposer aux Français à tout prix. Pourtant, malgré les fortes oppositions, le gouvernement a finalement tranché en appliquant l’Art. 49.3 alors que plus de 50% des Français s’y étaient opposés.
Pendant cette crise sanitaire, Philippe n’a pas non plus réussi à redorer son blason. La question de la carence des masques lui a coûté très cher et sur le déconfinement, il n’a pas fait mieux. Cependant, son péché capital a été sa décision de maintenir les élections municipales contre la volonté d’Emmanuel Macron qui n’y était pas favorable. La tenue du scrutin, dénoncée par Agnès Buzyn, candidate LREM aux municipales, a été un coup dur pour Philippe qui ne s’en remettra probablement jamais. Les propos de Buzyn avaient acté sa mort politique.
Qu’en est-il de Christophe Castaner ? L’actuel ministre de l’Intérieur est probablement l’un des plus impopulaires du gouvernement et sa chute (presque inévitable) proviendrait certainement de sa gestion de la crise des Gilets Jaunes. La répression policière contre les manifestants et la mort de Steve Caniço, survenue en septembre 2019 dans des circonstances très troublantes, lui ont porté le dernier coup de poignard.
Christophe Castaner aurait pu se racheter durant cette crise sanitaire. Cependant, le programme de surveillance massive mis en place pour faire respecter le confinement ainsi que la révélation faite il y a une semaine selon laquelle le ministère de l’Intérieur a lancé un appel d’offres pour commander 650 drones en plein confinement lui ont été fatal. Il est de plus en plus impopulaire et le maintenir à son poste serait une erreur politique gravissime pour Emmanuel Macron.
Si pour l’heure, l’avenir politique de Castaner reste en suspense, ce n’est point le cas pour Philippe dont la sortie du gouvernement se précise de plus en plus. En tout cas, si Macron veut redonner vie à son mandat, il n’aura pas d’autre choix que de se débarrasser de lui. « Si Macron faut donner le sentiment d’une nouvelle période, Edouard Philippe peut en être victime. Le premier ministre est un airbag pour le président de la République, un prestigieux accessoire. On peut avoir besoin de le garder ou pas, indépendamment de ses mérites », confie un habitué de Matignon.
La question à se poser désormais est celle-ci : si Philippe et Castaner s’en vont, alors qui pour leur succéder ? Dans la presse, on évoque beaucoup le nom de Gérald Darmanin pour l’Intérieur et Yannick Jadot pour le portefeuille de ministre de l’Ecologie. Pour Matignon, le nom de Xavier Bertrand, homme politique de droite et président de la région Hauts-de-Seine est aussi cité. Le nom de Bernard Cazeneuve a aussi été évoqué, même si, selon BFMTV, beaucoup pensent que Jean-Yves Le Drian pourrait être l’homme préféré du président de la République en raison surtout de son expérience politique, ce qui pourrait être très bénéfique pour Macron en temps de crise.
En tout cas, dans cette crise sanitaire où le gouvernement a accumulé une série de revers, l’hypothèse que la tête du Premier ministre tombe ne fait presque plus de doute comme l’a expliqué un fervent macroniste qui s’est confié à Gala en ces termes : « Emmanuel Macron n’aura pas d’autre choix que de proposer une nouvelle orientation politique et un nouveau gouvernement. Changer les idées et les hommes -et en premier lieu, le premier ministre qui est le chef des opérations- est le seul moyen pour le président, de se détacher de cette crise ».
La messe est alors dite. Pour sauver son quinquennat, Macron devra mener des choix politiques certes très difficiles, mais indispensables s’il veut éviter une déculottée en 2022.