Pourquoi Macky Sall éprouve-t-il autant de peine à se départir de son vieux complexe d’infériorité vis-à-vis de la France ? Comment expliquer son approche historique (digne d’un autre siècle) sur la colonisation ainsi que sa volonté inébranlable de vouloir justifier à tout prix un crime contre l’Humanité commis contre l’Homme Noir sur sa propre terre ?
En effet, je pose ces questions avec l’espoir que mes chers compatriotes qui liront cet édito me fourniront, dans un bref délai, des explications sur l’attitude d’un chef d’Etat qui, s’il n’est pas une marionnette de la France, a sûrement été victime d’un lavage de cerveau. En tout cas, son refus de voir la réalité en face et ses déclarations publiques sur les relations entre le Sénégal et la France sidèrent plus d’un.
J’avoue avoir été désagréablement surpris par les propos du président sénégalais qui, ce vendredi, en marge d’un symposium de lancement du Tome 1 de ses ouvrages intitulés « Conviction Républicaine », a souligné ce qu’il appelle les « relations particulières » entre le Sénégal et la France en ces termes : « ils (les Français, ndlr) ont toujours respecté les Sénégalais, parce que le régiment du tirailleur sénégalais quand, eux, ils étaient dans les casernes, ils avaient droit à des desserts pendant que d’autres Africains n’en avaient pas ».
La phrase de Macky Sall a été suivie d’un fou rire du public qui, sans aucun doute, a senti de la gêne d’avoir entendu un président africain se glorifier du traitement qui a été infligé aux tirailleurs sénégalais en ces termes au 21ème siècle. D’ailleurs, je me demande quelle serait la réaction du peuple israélien si aujourd’hui Netanyahou prenait l’immense risque de tourner en dérision le traitement des Juifs dans les camps de concentration nazis, ou si Abdelaziz Bouteflika se moquait du traitement des Algériens par les Français lors de la Guerre d’Algérie.
Macky Sall a certainement oublié que ces mêmes tirailleurs qui « avaient droit à des desserts » ont été massacrés le 1er décembre 1944 pour avoir simplement et légitimement réclamé le paiement de leurs arriérés de solde. Le président Sall n’a peut-être pas mesuré l’ampleur de sa déclaration qui témoigne d’un total manque de respect à nos braves arrière-grands-parents qui ont payé le prix d’une guerre qui ne les regardait pas. Il a une nouvelle fois insulté toute l’Afrique.
Je tiens à rappeler au président Sall qu’il n’y a rien de plus honteux pour un chef d’Etat africain que de se glorifier du fait que les Français fournissaient le dessert à des tirailleurs sénégalais pendant que leurs frères africains, forcés à sauver la France à leur corps défendant, en étaient privé.
Cette déclaration est un signe évident que l’actuel président sénégalais est victime d’un complexe d’infériorité vis-à-vis d’une France qui est certes une amie, mais qui n’a jamais cessé d’humilier l’Homme Noir tout au long de l’Histoire.
Je rappelle que ce même président avait ordonné l’expulsion de l’activiste Kemi Séba du Sénégal vers la France en septembre 2017 pour avoir brûlé en public le billet de 5 000 francs CFA. Il n’y a aucun doute que l’acte en soi est condamnable. Mais, comment expliquer la décision d’expulser un activiste noir qui a abandonné l’Occident pour mener son combat au côté de ses frères africains ?
Je ne suis pas un partisan de Kemi Seba. Toutefois, son expulsion vers l’Hexagone (décision dictée par le gouvernement sénégalais) suffisait largement pour avoir la certitude totale que nous avons affaire un larbin, un chef d’Etat sans fierté ni vergogne, prêt à tout pour courtiser le petit bailleur de fonds occidental, et principalement français.
N’oubliez pas non plus que Macky Sall a été l’un des premiers présidents africains à avoir fait le déplacement en France en 2015 lorsque le siège de Charlie Hebdo (journal satirique qui ne me fait pas rire) a été victime d’une attaque terroriste. Tel un clown, il a participé à la Marche Républicaine en soutien à Charlie. Pourtant, une fois de retour au Sénégal, il interdit la diffusion d’un numéro du journal satirique. Heureusement que le ridicule ne tue pas.
Pour boucler la boucle, je tiens à rappeler aux citoyens africains qui liront ces quelques lignes que ce 9 mai 2018 Macky Sall ne s’est pas opposé à l’érection d’une « Place de l’Europe » dans la ville de Gorée où des milliers d’Hommes et de Femmes Noirs ont été torturés, violés, humiliés par des esclavagistes européens qui ont réduit l’Homme Noir à de la pacotille.
Ce sentiment d’infériorité vis-à-vis de la France qui anime le président sénégalais me brise le cœur. Toutefois, l’espoir est toujours permis. En effet, je me réjouis qu’il existe encore en Afrique des Hommes pétris de valeur qui osent dire tout haut ce que beaucoup d’hypocrites péteux chuchotent tout bas. L’un d’eux est Robert Mugabe.
En 2000, alors que les Britanniques s’opposaient à sa réforme agraire (qui consistait à confisquer la terre aux Blancs et à la redonner au peuple du Zimbabwe) et venaient d’imposer un embargo pour mettre le pays à genoux, voilà ce que disait le président Mugabe : « ce pays n’est pas la Rhodésie. Ils doivent savoir que c’est nous qui dirigeons ce pays ». Voilà un chef d’Etat intrépide, courageux qui n’a jamais trahi son peuple.
D’ici la fin de son règne, prions pour que Macky n’arrache pas à l’Homme Noir le peu de dignité et d’honneur qui lui restent. Car, avec lui, il faut bien le reconnaître : nous sommes tombés très bas.
Edito signé : Cheikh Tidiane DIENG, rédacteur en chef et fondateur du site d’information www.lecourrier-du-soir.com
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